Ménopause : Défaire les tabous en entreprise


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Durée de l'enregistrement : 22:16

Sarah Beaudry : [00:00:04] Je m'appelle Sarah Beaudry, je suis conseillère en développement organisationnel chez Beneva et je suis responsable du programme santé et mieux-être de nos employés internes. Ma principale passion dans mon travail, c'est d'offrir, proposer des interventions ciblées pour leur permettre de se sentir un petit peu plus épanouis, un petit peu plus heureux dans un milieu qui est inclusif.

Talya Shaulov : [00:00:23] Moi, c'est Talya Shaulov. Je suis gynécologue. Je travaille au CHUM et à la Clinique Ovo. Ma surspécialité, c'est l'endocrinologie de la reproduction et infertilité. Et ce qui me passionne le plus, c'est vraiment de travailler avec les femmes et de les suivre au courant de tous leurs stades de leur vie, en fait. Je trouve ça vraiment spécial.

Voix off : [00:00:43] Vous vous questionnez?

Question : [00:00:46] Est-ce que la ménopause est encore un sujet trop tabou au travail?

Question : [00:00:50] Je me demande comment je pourrais aider mes employées qui traversent une ménopause?

Question : [00:00:54] Quels sont les premiers pas à entreprendre pour sensibiliser les gens sur la ménopause?

Voix off : [00:00:59] Voici nos réponses.

Catherine Duranceau : [00:01:02] Bonjour, bienvenue au balado de Beneva : Paroles d'experts. Je suis votre animatrice, Catherine Duranceau. Aujourd'hui, on aborde un sujet qui est encore trop méconnu, mais si naturel : la ménopause. Environ 10 millions de femmes sont actuellement en ménopause au Canada. Et pourtant, c'est un phénomène encore tabou. Mais, on sent que de plus en plus d'entreprises désirent déstigmatiser le tout pour améliorer le bien-être de leurs employées. Maintenant, on va commencer par la base. Talya, dis-nous, c'est quoi la ménopause?

Talya : [00:01:34] Alors la ménopause, tout d'abord, est un phénomène universel que toutes les femmes vont vivre au courant d'une certaine partie de leur vie. Ça se définit en fait par une absence de règles pendant douze mois. La définition en soi, c'est ça. Mais, il y a tout ce qui vient avant, puis tout ce qui persiste après.

Catherine : [00:01:54] Et parlons-en de ce qui arrive avant. Parce qu'on pense que la ménopause dure des années, mais il y a la préménopause, ménopause, post-ménopause. Explique-nous comment on décortique tout ça?

Talya : [00:02:03] C'est ça. Alors la ménopause, c'est le moment où on n'a plus de règles pendant douze mois. Puis après, on est ménopausée pour le restant de notre vie.

Catherine : [00:02:12] C'est fait.

Talya : [00:02:13] C'est fait. Il y a une variété de symptômes qui peuvent arriver dans les années avant la ménopause, mais tous les symptômes peuvent précéder le moment spécifique de la ménopause d'à peu près dix ans.

Catherine : [00:02:22] Pendant dix ans, tu peux avoir la préménopause ou?

Talya : [00:02:24] On peut-être en préménopause, des changements de cycle menstruel, des symptômes variables, comme les bouffées de chaleur, peuvent arriver à des moments un peu sporadiques dans les années qui précèdent la ménopause. Puis après la ménopause, les symptômes peuvent durer jusqu'à peu près dix ans. Il y en a qui vont avoir des symptômes toute leur vie. C'est variable. Il y a toujours des moyennes dans tout ça, quand on parle de symptômes.

Catherine : [00:02:47] C'est jamais exact, on se comprend.

Talya : [00:02:48] C'est jamais exact. Il y a des femmes aussi qui vont vivre une ménopause complètement inaperçue, à part le fait qu'elles ont une absence de règles. Mais en termes de variation, fait que ça peut aller jusqu'à dix ans à peu près, en moyenne.

Catherine : [00:02:58] Puis, on commence à en parler. Une chance qu'on le fait.

Talya : [00:03:00] Oui. Oui.

Catherine : [00:03:01] Évidemment. Et il y a certaines femmes qui peuvent avoir une ménopause précoce. J'ai lu qu'une actrice hollywoodienne avait commencé à avoir des changements hormonaux à 36. Est-ce que, dans ce cas-là, c'est précoce? Dans quel cas est-ce qu'on peut utiliser ce terme-là? Puis est-ce qu'on doit s'inquiéter?

Sarah : [00:03:16] En terme médical, tsé moi, je suis médecin, donc j’y vais toujours avec les termes, les vraies définitions. Mais la vraie définition d'une ménopause précoce, c'est entre 40 et 45 ans. Ce n'est pas en fait un processus qui est pathologique en soi, c'est juste une ménopause qui vient avant l'âge normal. Après 45 ans, on dit que c'est une ménopause normale.

Catherine : [00:03:36] Normale. C'est ça.

Talya : [00:03:37] L'âge moyen est autour de 50, 52 ans. Et en bas de 40 ans, là c'est vraiment un processus pathologique. Pathologique, où on a besoin d'investiguer. Les femmes ont vraiment besoin d'être traitées avant 40 ans. Puis avant 40 ans, on appelle ça vraiment une insuffisance ovarienne, fait que nos ovaires arrêtent de fonctionner prématurément. Fait qu’une insuffisance ovarienne prématurée.

Catherine : [00:03:58] Puis si on parle de ces fameux symptômes, ces signes que la ménopause commence tranquillement à faire partie de notre vie, c'est quoi?

Talya : [00:04:05] Alors, les plus fréquents vont être évidemment les bouffées de chaleur, la sécheresse vaginale. Il y a aussi les troubles d'humeur, une baisse dans la concentration, la fatigue, les troubles de sommeil, des changements dans la mémoire. Peut-être pas la perte de mémoire, mais des changements dans la mémoire, des douleurs articulaires, la fatigue qui est un peu une conséquence des troubles de sommeil, et puis, ça vient aussi avec une perte d'énergie. Comme il y a des femmes que, comme je vous ai dit tantôt, ça passe inaperçu.

Catherine : [00:04:36] Absolument. Et Sarah, comment la ménopause peut peut-être influencer la carrière des femmes?

Sarah : [00:04:40] Clairement qu'elle peut l'influencer là, c'est bien certain. Avec tous les symptômes que Talya a nommés. Fait que c'est sûr que naturellement, quand on arrive au travail, qu'on a déjà cette fatigue-là, ça vient souvent avec une baisse d'énergie, ce qui fait qu'on peut être un petit peu moins productif au travail. Il y a aussi souvent un impact sur la santé mentale. On a pu voir qu'il peut y avoir des crises de panique, du stress associé à la ménopause, préménopause aussi, de l'anxiété, dépression. Donc, ça peut impacter la carrière d'une femme. Puis tout ce qui est gestion du temps aussi. Parce que quand on est dans cette période-là de notre vie, bien souvent, on doit s'absenter, que ce soit justement pour aller consulter un médecin, la clinique de la santé de la femme. Fait que, reste que la femme va devoir, justement, prendre un peu plus de temps pour ça. Puis, il y a toujours le volet quand même de la stigmatisation du sujet aussi, dans les milieux de travail, qui n'est pas encore tout à fait abordé partout. Fait que l'intention, c'est vraiment de briser ça, ouvrir la discussion. Fait que je pense que c'est très important, justement, dans les employeurs qu'ils soient capables d'aborder ça, puis proposer justement peut-être des ajustements quand il y a cette période de vie.

Catherine : [00:05:41] Absolument.

Talya : [00:05:44] Vu que la ménopause va être vécue de façon super variable d'une femme à l'autre, ce n'est jamais un one size fits all en ménopause. Ça peut passer inaperçu au travail, dans leur vie personnelle, avec leurs enfants, à la maison en général, comme ça peut avoir des impacts extrêmement lourds au travail, à la maison. Tsé, les femmes en fait, à l'âge de 45, 50, 55 ans sont souvent à leur pic de carrière. Puis là, ils vont voir tout d'un coup, bang, ces symptômes qui vont commencer et qui vont vraiment impacter leur productivité au travail. Et justement, tsé, on se pose la question : Est-ce que la ménopause, c'est une des raisons pour laquelle les femmes ont peut-être pas encore passé à la prochaine étape de carrière? Est-ce que la ménopause leur…

Catherine : [00:06:30] Les freine un peu?

Talya : [00:06:31] Oui, les freine un peu dans tout ça. Parce que c'est tellement important et gros dans leur vie, alors ça peut vraiment impacter leur travail, comme ça peut impacter à la maison. Ils viennent à la clinique, ils sont comme « Écoutez, je ne suis plus capable de vivre. Ma vie a comme pris un 180 degrés. Je ne suis plus capable de fonctionner au travail, je ne dors plus, je ne suis plus patiente. Pas au travail, pas à la maison ». Il y a des femmes qui vivent ça comme un tsunami de symptômes qui apparaissent soudainement. Pas chez tout le monde, évidemment. Il y a des femmes qui vivent ça super bien. Puis des fois, c'est aussi notre vision, nos connaissances avant. Le fait d'éduquer des femmes avant peut faire en sorte que la transition soit un petit peu plus smooth.

Catherine : [00:07:10] Mais, si on est prêt mentalement aussi, on va savoir, OK, ces quelques symptômes, c'est normal.

Talya : [00:07:14] Exact.

Catherine : [00:07:17] Je ne ressors pas du lot. Ça peut m'arriver, comme ça peut ne pas arriver à mon amie, puis c'est la vie.

Sarah : [00:07:19] Exact. Puis on peut consulter. Tsé, on peut savoir que c'est normal. Mais bon, on n'est pas encore rendu là. Je pense qu'on fait des bons pas dans notre société, mais on n'est pas encore rendu là pour que ce soit universel et que le tabou soit complètement enlevé et que le stigma soit complètement enlevé. Mais on va vers ça, on travaille vers ça.

Catherine : [00:07:36] On ressent ce vent de fraîcheur, le changement.

Sarah : [00:07:39] Puis tsé, nous, c'est ça qu'on veut faire chez Beneva, justement, c'est de commencer ce discours-là, de sensibiliser nos gestionnaires. Parce que souvent, c'est eux qui sont sur le terrain avec le monde, fait qu'ils vont être capables de dire « OK, il me semble que je te sens un petit peu plus anxieuse ». Tsé, il peut percevoir ces signaux-là, autant physiques que psychologiques. Fait que de sensibiliser nos gestionnaires, je trouve que c'est déjà une belle étape, une belle marche à franchir. Puis ce qui va possiblement tout descendre ces pressions sociales là qu'on peut se mettre sur nos épaules, qui ne sont pas nécessaires en fait, là. Donc voilà. Ça fait que oui, je pense que d'en parler, déjà là, c'est une grande étape. Tsé nous chez Beneva, on est environ 60 % de femmes. Fait que tsé, c'est une réalité qui est vraiment là.

Catherine : [00:08:19] Wow, bravo!

Sarah : [00:08:19] Oui, c'est ça.

Catherine : [00:08:19] Premièrement, ça, c'est le fun!

Sarah : [00:08:21] Bien, oui, c'est ça! Fait que tsé, il faut être conscient de ça, puis à l'écoute de notre monde.

Catherine : [00:08:24] Oui, et de changer cette mentalité. On va parler de tabous, d'ailleurs. Comment les entreprises peuvent-elles aider à briser ces tabous, puis vraiment favoriser l'empathie envers les employés?

Sarah : [00:08:33] Oui, bien je pense que la première étape, c'est vraiment de l'éducation. Parce que justement, c’est un sujet, comme tu viens de le dire, qui reste encore un peu tabou. Fait que je pense que c'est de l'éducation surtout, de fournir justement des ressources, des outils, site internet, tous les programmes d'aide. Je pense que déjà là, c'est une belle étape. Aussi d'en parler ouvertement. C'est une réalité que toutes les femmes vont vivre, donc il n'y a pas de raison de ne pas en parler. C'est sûr que tout ce qui est formation pour les gestionnaires, je pense que ça peut être une grosse étape aussi, là. De bien les outiller, comment gérer, justement si une de ses employées qui vit cette période-là. Est-ce qu'il peut lui fournir des congés flexibles, prendre des périodes de pause un petit peu plus longues pour justement s’il y a, exemple, une bouffée de chaleur. On peut même créer des réseaux de soutien aussi au sein de l'entreprise. On voit souvent. Souvent, il y a des sentinelles en santé mentale. Bien, est-ce qu'on pourrait se créer des petites sentinelles de réseaux de ménopause? Tsé, ça peut être des choses justement qui permettent de briser ces tabous-là, puis d'ouvrir la discussion.

Catherine : [00:09:31] Absolument. Puis c'est sûr que peut-être que les gestionnaires avant n'étaient pas au courant. Les femmes elles-mêmes n'étaient pas au courant, donc on ne peut pas s'attendre à ce que notre supérieur le soit. Puis, est-ce que certaines femmes trouvent gênant d'aborder littéralement le sujet de la ménopause, puis que ce soit en raison des considérations culturelles, leur statut également socio-économique ou pour tout autre raison aussi?

Talya : [00:09:50] C'est sûr que le vécu de la ménopause va être différent selon la culture, le background ethnique, le statut socio-économique. Il y a vraiment des variations. On va voir même que la ménopause peut commencer plus tôt ou plus tard chez certaines femmes, dépendant de leur ethnicité, leur statut socio-économique, de leur charge de travail. Le travail peut influencer aussi. C’est des facteurs environnementaux.

Catherine : [00:10:13] Parce qu’il y a trop de pression?

Talya : [00:10:15] Bien tsé, les femmes qui travaillent de nuit, par exemple, peuvent avoir une ménopause qui arrive un petit peu plus tôt, parce qu'il y a plein de changements physiologiques qui viennent avec un travail de nuit. Fait que les infirmières, par exemple, qui font des shifts de nuit toute leur vie, ça, ça peut influencer. Comme ça peut influencer leur poids. Tsé, ça peut influencer plein de choses, en fait. Il y a une variation aussi dans l'aisance avec laquelle les femmes passent à travers cette phase de leur vie. Tsé, il y a des femmes qui vont vivre ça super difficilement. Puis il y a des femmes qui, malgré qu’elles ont des symptômes, vu que…

Catherine : [00:10:46] C’est valorisé quasiment.

Talya : [00:10:47] C’est valorisé et puis les femmes sont bien encadrées, elles vont vivre ça super différemment. Fait que tsé, le vécu ainsi que la physiologie, en fait, de la transition peut être différente.

Catherine : [00:10:59] Quelles sont ces communautés? On veut en apprendre plus.

Sarah : [00:11:01] Absolument. Oui, oui, il y a des communautés justement que c'est très valorisé, cette période-là de transition chez la femme. Donc la femme, justement, devient un exemple à suivre et peut accompagner, par le fait même, les personnes un peu plus jeunes. Puis c’est ça, c'est encore quand même stigmatisé au travail, tout dépendant où aussi des milieux, fait que ça peut dépendre aussi. Puis, s'il y a un manque de soutien, justement de l'employeur ou des collègues, bien, c'est sûr que là, ça ne permet pas à la femme de se sentir confortable puis d'être dans un environnement sécuritaire aussi pour en discuter, fait que tsé.

Catherine : [00:11:32] Est-ce que je vais me faire juger d'en parler?

Sarah : [00:11:34] C’est ça. Exactement. Exactement. Puis tsé, tout dépendant justement, la femme est rendue où dans sa carrière, tsé, elle veut peut-être pas non plus démontrer qu'elle est un petit peu plus vulnérable dans une période de sa vie. Donc, ça peut être des retenues qu'une femme peut avoir.

Catherine : [00:11:48] Absolument. Des fois, on a cette crainte-là. Est-ce que je vais perdre telle opportunité? Parce que là je le manifeste. Mais au contraire, si on en parle, bien, on est de plus en plus en contrôle. Et Sarah, dis-nous quelles actions simples, mais concrètes, les entreprises peuvent-elles entreprendre pour soutenir les femmes qui traversent cette période-là?

Sarah : [00:12:04] En fait, ça peut être assez simple, là. Tsé, on le sait, la réalité aujourd'hui, c'est beaucoup le mode hybride, donc une partie à la maison, une partie au travail. Fait que c'est sûr que d'offrir, peut-être, des options justement de travail à distance un petit peu plus modulables peut-être pour la personne, justement qui éprouve différents symptômes, peut faciliter toutes ses tâches professionnelles. Fait que ça, c'est assez simple à faire. Ça peut être simple aussi, on voit ça dans les bureaux corporatifs, qu’il y a des salles de repos. Fait que de permettre justement à la femme, bouffées de chaleur, un petit épuisement d'aller dans cette salle‑là de repos. Mettre un petit ventilateur aussi dans le coin pour prendre un peu d'air. C'est des petites choses. Ouvrir une fenêtre aussi, si on est dans une salle, dans une formation. Puis tsé, le but en arrière de ça, c'est vraiment de rendre notre milieu de travail inclusif pour que les femmes puissent éprouver un état de bien-être, et ne se sentent pas non plus stressées d'aller au bureau puis de vivre ces symptômes-là dans ce milieu-là.

Ou sinon, c'est toujours d'offrir justement toutes les ressources qu'un employeur peut offrir, mais d'une façon individualisée. Parce qu'on l'a dit, les symptômes vont varier d'une personne à l'autre. On peut offrir des conférences, des ateliers, des petits webinaires en milieu de travail aussi, offrir des congés flexibles aussi. Si justement on a une mauvaise journée, bien, qu'il y ait de l'ouverture pour ça. Bien former nos gestionnaires sur cette réalité-là aussi. Fait que tsé, c'est vraiment de donner de l'information à nos employés pour qu'ils sachent justement c'est quoi qu'ils vivent, c'est quoi les symptômes pour qu'ils puissent se l'approprier, puis passer cette étape‑là avec un état d'esprit justement plus éclairé, puis qu'ils soient à l'affût de ce qui se passe, puis d'offrir, c’est ça, ce milieu de travail-là qui est un peu plus inclusif pour permettre une belle transition.

Catherine : [00:13:39] Absolument, pour qu'après ça, le gestionnaire prenne le commentaire. « OK, tu as des bouffées de chaleur. OK, bien peut-être que si tu as tel bureau, tu es proche de la fenêtre », ça peut être une belle solution.

Sarah : [00:13:47] Exactement. Oui, c'est ça.

Talya : Alors je pense qu'au-delà de ce que Sarah a déjà mentionné par rapport à toutes les actions très concrètes que les entreprises peuvent prendre, je pense qu'il y a un élément de sensibiliser les entreprises de ce phénomène, pour qu'ils puissent avoir une certaine empathie envers ces femmes. Alors, on va dire qu'il y a beaucoup de gestionnaires, d'employeurs qui sont en fait jeunes, qui n'ont pas du tout ce vécu encore. Ou ce sont des hommes, alors ils n'auront jamais cette réalité, et on doit les sensibiliser pour avoir une certaine empathie. Comme ils peuvent avoir une empathie à une femme qui est enceinte ou une femme ou un couple qui passe à travers un divorce. Je pense que c'est une empathie naturelle qui va s'ensuivre et je pense que c'est très similaire pour la ménopause. Les femmes veulent se voir écoutées et se sentir supportées.

Catherine : [00:14:40] Et ressentir l'empathie, absolument. Puis quand quelqu'un est enceinte, on le voit physiquement. Et ménopause, non, donc.

Talya : [00:14:47] Bien, c'est ça. Et en fait, c'est important, je pense, de le dire aussi, parce que Sarah a mentionné beaucoup de vraiment bons points qui sont vraiment bien décrits dans la littérature. OK, alors il y a vraiment des preuves scientifiques que tous ces éléments aident. Ce n'est pas juste théorique. Ce qui est bien aussi de mentionner, c'est que le support d'un gestionnaire ou d'un employeur va probablement aussi améliorer le vécu de la ménopause.

Catherine : [00:15:14] Hum! Intéressant.

Talya : [00 :15 :15] Alors, ça va dans les deux sens ici aussi. Si une femme ressent un support, ça peut améliorer et…

Catherine : [00:15:21] Adoucir un peu?

Talya : [00:15:21] Adoucir probablement son vécu.

Catherine : [00:15:23] Wow. Et non les symptômes, mais au moins, le vécu.

Talya : [00:15:26] Peut-être aussi les symptômes.

Catherine : [00:15:27] Wow! Le corps, à quel point ça peut avoir une influence.

Talya : [00:15:29] Oui. Puis, c'est très valorisant pour une femme de travailler. Puis la transition en ménopause peut être même vécue différemment chez une femme qui travaille. Vu que c'est tellement valorisant, ça lui fait sentir vraiment mieux de travailler. Alors, je pense que quand on a un travail d'employeur, de gestionnaire, il faut justement aider à la femme à se sentir valorisée au travail pour qu'elle puisse avoir un bon estime de soi. Parce que les femmes qui vont vivre des bouffées de chaleur, qui vont être anxieuses, vont avoir une baisse dans leur estime de soi au travail, ce qui va probablement affecter tout le reste aussi.

Catherine : [00:16:00] Donc, il faut le voir à l'envers.

Talya : [00:16:01] Oui, oui.

Catherine : [00 :16 :02] Il faut se dire à la place d'isoler la femme qui est en train d'avoir des symptômes de ménopause. Reste à la maison pour travailler, puis on va donner moins de tâches; au contraire.

Talya : [00:16:09] En fait, c'est de s'adapter pour que, oui, peut-être qu'il y aura aussi un peu de travail à la maison, mais de ne pas dire « OK, bien, on va couper tes heures de moitié, reviens quand tu es mieux ». Non. Je pense que c'est de s'adapter, de trouver les solutions pour la femme, pour qu'elle puisse se sentir encore bien, pour que son estime de soi soit bien.

Catherine : [00:16:31] À son plein potentiel. Absolument. Et Sarah, dis-nous, chez Beneva d'ailleurs, vous avez fait des sondages pour vraiment sonder le bien-être des employés. Parles‑nous‑en.

Sarah : [00:16:41] Oui, bien en fait, c'est une collecte de données qu'on fait en santé globale auprès de tous nos employés. Puis on a aussi Officevibe qu'on fait aussi à l'interne. C'est un questionnaire qu'on reçoit, là, aux deux semaines, qui vient sonder aussi l'indice de bonheur et l'indice de bien-être de nos employés. Fait qu'avec ces résultats-là, on est quand même en mesure de tirer des données assez probantes. Puis nos employés nous ont bien mentionné que, la ménopause, c'est un sujet d'intérêt, qu’ils avaient de l'appétit pour ça. Donc on les a écoutés, bien évidemment. Fait que nous, on a commencé à mettre en place des actions concrètes pour répondre à leurs besoins, dont exemple, les cabines de repos qu'on a mis dans quatre de nos grands édifices chez Beneva.

Catherine : [00:17:21] Vas-y, donne-nous plus de détails. C'est croustillant!

Sarah : [00:17:22] Oui, c’est ça, on veut le savoir. En fait, la cabine te repos, ce n'est pas une salle de repos. Parce que ça, on voit ça souvent dans les grandes entreprises. C'est vraiment une grosse boîte, si je peux dire. À l'intérieur, il y a un fauteuil qui est massant, chauffant. On a de la luminothérapie, on a de la méditation consciente, de la musique aussi. Et le fauteuil vient s'incliner en position zéro-G, zéro gravité en fait, comme les astronautes quand ils sont dans leur navette, fait que ça permet vraiment de venir se reconnecter à soi. Puis tsé, pas seulement à nos femmes. Non, c’est ça.

Catherine : [00:17:58] C’est magique, là! Le 0-G comme on appelle?

Sarah : [00:18:01] Oui, c’est ça! C'est vraiment merveilleux. On sort de là, on est transformé, carrément là.

Catherine : [00:18:05] Mon Dieu! On en veut partout. Parfait.

Sarah : [00:18:06] Oui, c'est ça. Puis tsé, ça c'est une action concrète chez nous. Mais tsé, cette action-là parle autant pour nos hommes aussi. Parce que tsé, oui on en a parlé, on est 60 % de femmes chez Beneva, mais on a un gros 40 % que c'est nos hommes. Fait que même eux, ils peuvent l'utiliser. Parce qu'eux aussi vivent des transitions de vie quand même importantes. L'andropause, il faut pas la minimiser aussi, parce que pour eux aussi c'est une grande étape. Fait que, ça permet d'offrir justement cette ressource-là qui peut être très bénéfique, autant pour les hommes que pour les femmes. Oui.

Catherine : [00:18:33] Absolument. On flotte dans le 0‑G.

[00:18:37 transition]

Catherine : [00:18:44] Talya, pourrais-tu nous partager une anecdote que tu as déjà vécue?

Talya : [00:18:46] J'avais une patiente qui est venue me voir. Une patiente que je suivais justement, qui souffrait beaucoup de ses symptômes de ménopause, qui voulait changer un peu la façon qu'elle travaillait. Elle voulait avoir plus d'heures à la maison, elle voulait juste avoir plus de flexibilité au niveau de son travail. Bien un, elle était très gênée d'en parler à son employeur et, quand elle avait demandé de changer un peu ses heures, il n'était pas très ouvert. Alors, elle est venue avec ses papiers d'assurance pour que je lui signe des limitations fonctionnelles par rapport à son état de ménopause, que je trouvais… en fait, tsé, comme médecin, on est souvent dans cette position. On doit signer des papiers, mais pour des limitations physiques ou pour une raison de santé mentale. Mais la ménopause, je trouvais que c'était une catégorie à part. J'étais vraiment mal à l'aise de signer ses papiers. J'ai dit « bien, pourquoi vous ne pouvez pas lui en parler, de la ménopause? ».

Catherine : [00:18:44] Tout simplement, pas besoin d’un papier du médecin.

Talya : [00:19:36] Puis c'est là que j'ai réalisé comme « Wow, on a vraiment du travail à faire dans ce domaine parce que ça n'a pas de bon sens qu'une femme vienne me voir pour lui signer des papiers de travail où je dois vraiment inscrire. Tsé, que les questions que les compagnies d'assurance nous demandent, c'est des questions qui sont super spécifiques, des limitations fonctionnelles, puis ce n'est pas adapté à la ménopause du tout.

Catherine : [00:19:55] C'est comme justifier une transition qui est super naturelle, comme on le mentionne.

Talya : [00:19:58] Exactement. Exactement. Puis, avec une petite ouverture, il pourrait y avoir des changements qui, comme j'ai dit tantôt, ne limiteront pas le fonctionnement en tant que tel, mais qui vont juste aider à ce qu'elle soit capable de produire aussi bien, tsé. Puis c'est ça, fait que.

Catherine : [00:20:16] Je comprends que c'est un choc.

Talya : [00:20:17] Oui.

Catherine : [00:20:18] Au moins, c'est pas arrivé trop souvent.

Talya : [00:20:18] Non, non, non. Je me souviens que ça m'est arrivé une fois.

Catherine : [00:20:21] Puis une fois, c'est assez.

Sarah : [00:20:22] C'est assez, oui.

[00:20:24 Transition]

Catherine : [00:20:33] Sarah, en quelques phrases, pourrais-tu nous résumer notre conversation pour retenir l'essentiel?

Sarah : [00:20:38] Oui. En fait, je pense que ce qu'il faut retenir, c'est que les symptômes de la ménopause sont différents pour chaque femme. Ce qui souligne encore plus la nécessité de ne pas généraliser ou de l'éviter, bien évidemment. Puis, je reviens sur le principe de toute l'empathie, en fait. Nous Beneva, une de nos dimensions culturelles, c'est vraiment la bienveillance au cœur, fait que j'ai le goût de revenir un peu là-dessus. Je pense que c'est l'essence même de notre discussion en fait. D'être bien avec nous même, d'être bien avec les autres, d'offrir justement cette ouverture-là d'esprit à nos employés, à notre monde, d'initier notre dialogue aussi par rapport à ça, briser les silos. Puis je pense que chaque petit geste peut faire une différence pour chaque personne. On l'a dit, autant à un homme autant qu'une femme. Donc je pense que l'idée en dessous de ça, justement, c'est d'être bienveillant, faire preuve d'empathie avec notre monde, puis je pense que ça résume assez bien. Ça peut faire une différence pour chaque personne.

Catherine : [00:21:30] Merci beaucoup, Talya et Sarah, de nous avoir partagé ces superbes pistes de réflexion sur la ménopause qui est encore trop souvent passée sous silence. Et surtout, un immense merci à nos auditeurs. Si vous avez des questions, écrivez-nous à l'adresse [email protected]. Pour obtenir plus d'informations et écouter plus d'épisodes, allez sur le site web de Beneva, section Balados. On se donne rendez-vous pour d'autres échanges qui vous donneront des outils pour prendre des décisions éclairées pour vos assurances et vos affaires.

FIN DE TRANSCRIPTION

Dix millions de femmes sont en ménopause au pays. Il est temps que les entreprises tiennent mieux compte de cette période exigeante pour leurs employées! Pour enrichir la discussion, notre animatrice reçoit Sarah Beaudry, responsable du programme santé mieux-être chez Beneva et Dr Talya Shaulov, obstétricienne, gynécologue et fertologue.

Nos expertes sont unanimes : le soutien et l’empathie des employeurs peuvent améliorer le vécu des travailleuses en ménopause. Découvrez vite leurs conseils pour créer un milieu de travail plus inclusif!


Animation : Catherine Duranceau


Invitées : Dr Talya Shaulov et Sarah Beaudry

Tous les épisodes sont aussi disponibles sur