Un climat de travail sain, c’est l’affaire de tous!
Toutes les organisations ont l’obligation légale d’offrir un milieu sain où la santé, la sécurité, l’intégrité physique et la dignité de leur personnel sont protégées. Malgré les meilleurs efforts, il arrive qu’un climat toxique s’installe. Un antidote puissant existe pour y remédier ou, du moins, pour limiter les dégâts : la civilité. Et la civilité, c’est l’affaire de chaque personne.
Climat de travail : au-delà de l’ambiance
Nous passons en moyenne 1 685 heures au travail annuellement4. Au cours de notre vie, cela représente plus de 80 000 heures consacrées à la vie professionnelle5. C’est beaucoup de temps! Assez pour souhaiter le passer dans un milieu où le climat est serein.
Et pour cause. La qualité de nos relations au travail contribue à notre satisfaction chaque jour. Mais, elle est également un déterminant majeur de la santé mentale au travail. Quand nos relations avec les collègues sont mauvaises, notre santé psychologique en pâtit. L’inverse est tout aussi vrai. À l’heure où nous devons de plus en plus collaborer avec nos collègues, voilà une bonne raison de soigner nos relations interpersonnelles.
La civilité, un puissant moyen de prévention
Miser sur la civilité pour maintenir des relations harmonieuses? Soit. Encore faut-il savoir de quoi il s’agit.
La civilité, c’est un ensemble de règles convenues par un groupe de personnes quant aux attitudes et aux comportements à adopter. Ceci dans le but de favoriser les bonnes relations entre elles. C’est la somme des actions, des attentions et même des petites concessions que nous faisons en continu pour cohabiter. C’est en quelque sorte la note sur laquelle s’accordent tous les musiciens d’un orchestre pour jouer parfaitement leur partition et livrer une performance harmonieuse. Il suffit d’un instrument mal accordé pour gâcher une symphonie!
Et qu’en est-il de l’incivilité? On pense d’emblée aux abus de langage, aux portes qui claquent ou encore aux injures que peuvent se lancer des collègues. Mais bien avant que de tels comportements surviennent, l’incivilité peut souvent sembler si banale qu’on tend à la tolérer et même à l’ignorer. En voici quelques exemples :
- Interrompre les gens ou ne pas leur permettre de parler ou de donner leur avis
- Se servir la dernière tasse de café et laisser au suivant le soin d’en préparer pour les autres
- Consulter son téléphone intelligent pendant qu’un ou une collègue présente un dossier
- Couper la parole
- Arriver en retard et ne pas s’en excuser
- Entrer au bureau sans saluer les collègues
- Négliger d’inviter une personne à une activité
- Exprimer des reproches répétés
- Former des clans
- Formuler des commentaires discriminatoires
- Avoir une mauvaise attitude ou faire preuve de négativisme
- Manquer de discrétion ou dénigrer autrui
- Ne pas divulguer des informations importantes pour des collègues
De petits irritants, sans plus. Qui monterait jusqu’à la haute direction pour s’en plaindre? Personne. Mais au fil du temps, par cumul, ce sont autant de gestes qui minent le climat.
Ceux et celles qui commettent des gestes incivils n’ont pas tout le temps l’intention de nuire. Nous en sommes tous coupables! Sommes-nous toujours conscients de l’effet de nos comportements sur notre entourage? Dans tous les cas, un fait demeure : l’incivilité témoigne d’un manque de considération pour les autres.
Des conséquences importantes
S’ils sont rarement perçus comme graves et n’entraînent pas systématiquement des réactions de détresse chez les gens qui en sont victimes, les gestes incivils laissent des traces.
L’incivilité est contagieuse. Elle s’insinue dans des équipes, puis se propage dans l’organisation. Les personnes qui y sont exposées finissent par réagir. Si rien n’est fait, c’est le climat de travail qui devient toxique. Il engendre :
- Stress
- Tensions
- Conflits
- Baisse de performance et de créativité
- Diminution de l’engagement et de la motivation
- Isolement et évitement
- Absentéisme
- Épuisement professionnel
- Harcèlement psychologique et physique
- Abandon de l’emploi
Plus encore, la frustration, la tristesse et l’anxiété que suscite l’incivilité suivent les gens qui la subissent au-delà des murs de l’entreprise. Résultat? Ils récupèrent souvent moins bien à la fin de leurs journées de travail. Plutôt que de vaquer à leurs occupations personnelles, ils ruminent. C’est le cas pour 80 % d’entre eux6. Rien qui aide à recharger leurs batteries et à revenir frais et dispos le lendemain!
Une responsabilité partagée
On dit que chaque goutte d’eau forme un océan. C’est la même chose avec la culture d’une organisation. Chaque personne peut et doit contribuer à maintenir un climat propice au bien-être de tous. Il s’agit d’une responsabilité partagée à tous les paliers :
- L’employeur, qui est tenu d’instaurer un cadre pour protéger la santé physique et psychologique du personnel.
- Les gestionnaires, qui doivent appliquer le cadre, faire respecter les règles et gérer les problèmes.
- Les employés, qui doivent faire preuve de civilité et de respect, établir leurs limites et intervenir lorsqu’ils sont témoins de comportements inacceptables.
Un puissant moyen de prévention
Faire preuve de civilité et miser sur la communication sont des moyens à la portée de tous. Des petits gestes, attentions et attitudes qui contribuent à maintenir l’harmonie, il en existe une foule7.
- Se parler
Des mésententes, c’est normal. Tout est dans la façon dont on les aborde. La première étape à franchir est d’en parler calmement avec la personne concernée. Il faut avoir l’intention sincère d’arranger les choses. Un truc? S’exprimer au « je ». - Adopter un regard critique sur ses propres comportements et sur leur impact
Même si certains comportements inappropriés n’entraînent pas immédiatement des conséquences graves, ils ne sont pas acceptables pour autant. « Est-ce que la façon dont j’agis peut avoir des effets néfastes sur la qualité des relations dans mon équipe? » Un bon point de départ pour réfléchir à la question. - Reconnaître les autres
Personne n’aime se sentir invisible. Établir un contact visuel, saluer les gens, appeler les personnes par leur nom… Autant de gestes simples qui font une différence. Souligner les réalisations de collègues et exprimer sa reconnaissance ne coûte absolument rien. D’ailleurs, c’est très valorisant. - Voir le positif, plutôt qu’imaginer le pire
Les intentions des gens sont rarement mauvaises. La plupart font de leur mieux avec les ressources et les outils dont ils disposent. Avec ce principe en tête, leur accorder le bénéfice du doute est plus facile. - Au besoin, dénoncer
Quand on vit une situation inconfortable ou qu'on en est témoin, se taire correspond à une posture de complicité. Si, malgré le dialogue, l’incivilité persiste, il faut dénoncer. Un conseil : documentez les faits pour éviter le piège des interprétations et des perceptions.
En bref
Le climat de travail, c’est le fruit d’une coresponsabilité entre l’employeur et les membres du personnel. C’est aussi un déterminant de la santé psychologique au travail. Voilà pourquoi nous devons tous soigner les rapports que nous entretenons avec nos collègues. Chacun d’entre nous doit mettre la civilité en pratique. C’est le meilleur moyen pour prévenir bien des maux.