Quand un sinistre joue sur la santé psychologique
Vous n’avez jamais vécu un sinistre? Tant mieux. Que ce soit un accident d’auto, un incendie, un vol, c’est le genre d’événement inattendu qui marque. À un point tel que les effets sur la santé psychologique peuvent perdurer.
Quelles sont les conséquences d’un sinistre? Que faut-il faire pour s’en sortir et aller mieux? Maintenir de saines habitudes de vie, avoir l’accompagnement de ses proches et profiter d’un soutien professionnel sont autant de solutions à votre portée.
Qu’est-ce qu’un sinistre?
« Un événement dû à un phénomène naturel, une défaillance technologique ou un accident découlant ou non de l’intervention humaine ». Voilà comment la Loi sur la sécurité civile définit un sinistre.
Que ce soit un tremblement de terre, un attentat ou une inondation, le sinistre cause bien des dégâts. On entend par là de graves préjudices aux personnes ou d’importants dommages aux biens.
Bref, personne ne ressort indemne d’un sinistre, que ce soit sur les plans physique, psychologique, social, matériel ou financier. Et même si la réaction face à un tel événement est unique, on remarque des effets physiques, émotives et comportementales communs. D’où le besoin d’une assistance après sinistre.
Quels sont les conséquences psychologiques d’un sinistre?
Si on soigne automatiquement les blessures causées à notre corps, on oublie parfois d’intervenir au niveau des conséquences psychologiques. Pourquoi? Parce qu’elles ne sont pas visibles, tout simplement.
Une plaie ouverte, on doit la refermer. Une jambe brisée, on la plâtre. La solution est moins évidente quand il s’agit de traiter une émotion, un malaise, un stress. Pourtant, on devrait apporter autant de soin à un traumatisme psychologique que physique.
Peut-être avez-vous connu dans votre entourage des gens traumatisés par un sinistre? Un ami, une collègue, un parent? On peut d’ailleurs ressentir de l’impuissance face à leur détresse. Encore plus quand on voit leurs problèmes de santé mentale exacerbés. Les effets peuvent se faire sentir des mois, parfois même des années après l’événement.
Quelles sont les réactions à la suite d’un traumatisme?
Les réactions (Cet hyperlien s'ouvrira dans un nouvel onglet) des personnes confrontées à un sinistre s’opèrent sur différents plans :
- Physique : maux de tête, douleur, augmentation du rythme cardiaque, insomnie, hyperagitation, tremblements, fatigue, problèmes gastro-intestinaux, etc.
- Psychologique : difficulté de concentration et d’attention, confusion, se sentir dépassé, perte de mémoire, difficulté à prendre des décisions, sentiment d’être figé, tristesse, peur, humeur anxieuse ou dépressive, culpabilité, etc.
- Comportemental : irritabilité, isolement, problèmes alimentaires, surconsommation d’alcool, de drogues ou de médicaments, conflits avec son entourage, etc.
Heureusement, toutes ces réactions (Cet hyperlien s'ouvrira dans un nouvel onglet) sont normales et en principe, de courte durée. Après quelques jours ou quelques semaines, elles diminuent jusqu’à disparaître complètement. Elles s’intensifient ou se poursuivent plus longtemps, au point de devenir envahissantes? Alors il faut absolument consulter des professionnels en santé mentale spécialisés en intervention traumatique.
D’autres réactions possibles
Selon le contexte dans lequel s’est produit l’événement, certaines personnes en arrivent à remettre en question le sens de la vie. En voici quelques exemples :
- Elles vivent un sentiment d’injustice : « Pourquoi moi? Pourquoi eux? ».
- Elles ressentent le besoin de trouver un sens à donner à cet événement.
- Elles éprouvent de la difficulté à reprendre une vie heureuse, satisfaisante à leurs yeux.
- Elles se sentent épuisées et perdent l’espoir d’un avenir meilleur.
Face à une situation anormale, ces sentiments sont normaux. L’important est d’en discuter pour trouver des solutions. Objectif : retrouver votre équilibre et votre bien-être. Car après tout, la vie poursuit son cours.
Et le trouble de stress post-traumatique?
Le trouble de stress post-traumatique apparaît notamment à la suite d’un événement grave ou d’une peur intense de blessure ou de mort.
On parle d’un trouble lorsque les symptômes persistent plusieurs mois après l’événement. Ils se manifestent par :
- les intrusions : avoir des retours en arrière (flash-back), des cauchemars, des images ou des odeurs qui rappellent l’événement
- l’évitement : fuir ce qui évoque l’événement, par exemple un lieu, certaines personnes ou activités
- l’hypervigilance : être alerte aux sons, aux mouvements ou aux situations qui peuvent déclencher un état de vigilance mental. Ceci peut causer des maux de tête, des problèmes de sommeil, des tremblements, des sursauts, des difficultés d’attention et de concentration, etc.
Comme un deuil… ou presque
Quand on l’impression qu’un sinistre frappe en plein cœur de notre quotidien, il est normal d’être bousculé par les événements. Le cheminement que traverse une personne touchée par un sinistre peut s’apparenter à celui d’un deuil.
Parsemé de phases, ce processus est unique et se caractérise par un va-et-vient entre les étapes qui peuvent se dérouler dans l’ordre… et le désordre.
Phase du choc et du déni
« Impossible » ou « Ça ne se peut pas » font partie du discours à cette étape.
La négation de la réalité peut mener à une certaine paralysie, comme si la personne est incapable de réagir.
Phase de la désorganisation
Caractérisée par la tristesse, le repli sur soi et l’anxiété, cette phase a pour signe distinctif la difficulté à accomplir les tâches quotidiennes.
Heureusement, elle dure quelques semaines à quelques mois.
Phase de la protestation
Colère, incompréhension, sentiment d’injustice et culpabilité sont autant d’émotions qui peuvent être ressenties à cette étape.
Celle-ci peut durer de quelques semaines à quelques mois.
La personne est aussi à la quête d’un coupable pour apporter un sens à cette épreuve. Toutefois, elle reconnaît que la perte qu’elle ressent est permanente.
Phase de la réorganisation et de l’adaptation
Ici, on a l’impression de voir la lumière au bout du tunnel. La personne retrouve peu à peu son erre d’aller. Moins envahie par la perte, elle démontre qu’elle s’est adaptée à la situation. De nouveaux projets sont alors possibles.
Quelques conseils pour aller mieux
Comment diminuer les impacts d’un sinistre? Comment trouver les ressources pour y faire face?
Voici quelques moyens, souvent à portée de main :
- s’entourer de gens et éviter la solitude
- parler de ce que vous avez vécu, de vos émotions, à une personne de confiance
- reprendre vos activités habituelles, maintenir votre routine quotidienne, continuer à pratiquer vos loisirs, vos passions
- faire de l’exercice physique
- se désensibiliser aux situations, aux endroits ou aux personnes qui rappellent l’événement
- éviter la consommation d’alcool ou de drogues
Lorsqu’un sinistre arrive, allez chercher de l’aide si vous en avez besoin. Même si vous semblez bien aller après coup, les traumatismes peuvent se manifester plus tard. Un soutien psychologique permet de diminuer l’anxiété (Cet hyperlien s'ouvrira dans un nouvel onglet) et de vous désensibiliser au trauma.
Renseignez-vous également sur la thérapie par exposition prolongée (Cet hyperlien s'ouvrira dans un nouvel onglet), qui se révèle être très efficace pour traiter ces symptômes.
Une inondation, une usine qui prend feu, une maison qui s’écroule dans un glissement de terrain… Les événements à risque de causer des traumatismes psychologiques à plus ou moins long terme sont nombreux. Demandez une assistance après sinistre. Votre santé mentale et celle de vos proches doit rester votre priorité.