L’ennui et la perte de sens au travail : c’est du sérieux!

Quand l’ennui et le désengagement font mal

Le monde du travail évolue. Les attentes des employés quant à leurs conditions d’emploi et la valeur de leur travail pour la société changent aussi.

Ces attentes sont nouvelles, mais l’impact des tâches sous-stimulantes ou inutiles, lui, n’est pas nouveau du tout. Des décennies de recherche mettent en évidence la façon dont de telles conditions de travail nuisent aux bien-être des employés.

Désormais, vous pouvez élargir votre vocabulaire pour y ajouter le bore-out et le brown-out au burn-out … déjà bien connu!

Le bore-out : quand l’ennui mène à l’épuisement

Qu’est-ce qu’on entend par ennui au travail? Est-ce simplement se tourner les pouces en attendant de se faire dire quoi faire?

Plus complexe que cela, l’ennui au travail est un état émotionnel se caractérise par :

• un manque de stimulation
• une difficulté de concentration
• une fébrilité élevée
• une difficulté à s’engager dans son propre travail

Le bore-out peut être provoqué par une sous-charge de travail quantitative (ne pas avoir assez de tâches) ou qualitative (tâches sous-stimulantes, peu importe leur quantité).

L’ennui au travail chronique mène au bore-out, un état de sous-stimulation soutenu associé…

• à la dépression
• à l’anxiété
• au stress
• à l’absentéisme
• au présentéisme (perte de productivité qui survient lorsque les employés se présentent au travail quand ils sont malades)
• à l’augmentation du taux de roulement

Le brown-out : quand la perte de sens devient trop lourde

Le brown-out est un concept controversé, car il n’a pas fait l’objet de la même validation scientifique que l’ennui et le bore-out. Il fait référence au concept électrique du même nom, soit la réduction de la disponibilité de l'énergie électrique dans une zone particulière.

Dans un contexte organisationnel, le brown-out fait référence à la perte de sens envers son propre travail, une facette du désengagement. On a établi que ce désengagement est un prélude au burn-out. Il touche des employés qui travaillent de longues heures sans réel intérêt pour leurs tâches. Ceci entraîne un désengagement, un mécontentement et une léthargie.

Comment les reconnaître chez moi ou chez les autres?

Les signes avant-coureurs de ces 2 syndromes sont similaires. Cependant, l’un découle davantage de l’ennui et l’autre, d’une perte de sens. En restant à l’affût de ces symptômes, vous pourrez agir avant que leurs impacts sur la santé ne deviennent trop sévères :

• Un sentiment de sous-stimulation récurrent
• Une incertitude constante quant à l’utilité de son travail pour son organisation ou pour la société
• Une difficulté à se mettre en action, peu importe la quantité de tâches à réaliser (procrastination)
• Une augmentation soutenue de la fatigue, de l’irritabilité, de l’agitation et de facteurs somatiques (maux de tête ou de ventre, insomnie, douleurs musculosquelettiques)

Une solution : enrichir son travail!

Pour contrer ces syndromes, la quantité des tâches n’importe pas autant que leur nature. Afin de retrouver un sens à leur travail ou de combattre l’ennui, les travailleurs peuvent améliorer le caractère stimulant ou significatif de leurs tâches, au moins en partie. La littérature sur le remodèlement de tâches foisonne de pistes d’action. En voici quelques-unes :

• Défis : Examinez attentivement votre travail et décelez les parties dans lesquelles vous pourriez utiliser votre créativité pour améliorer certains processus ou résultats. Sollicitez activement des possibilités de formation et de développement professionnel.
• Soutien : Enrichissez votre réseau de collègues en multipliant les occasions d’échanger et de collaborer. Travailler ensemble rend plus tolérables, et même agréables, les tâches les plus monotones.
• Flexibilité : Répartissez vos tâches sous-stimulantes tout au long de votre semaine. Accomplissez-les quand votre énergie mentale est plus faible. Entrecoupez des périodes de sous-stimulation avec des moments de créativité, d’apprentissages et de soutien mutuel.

Vous êtes gestionnaire?

Améliorer le sens et la stimulation du travail n’est pas seulement la responsabilité des employés. Voici comment vous pouvez agir comme gestionnaire pour favoriser leur santé mentale :

• Cultivez la sécurité psychologique. Discutez ouvertement de santé mentale au travail. Créez des mécanismes réguliers de communication afin que vos employés puissent exprimer leur ennui ou leur perte de sens. Vous pourrez déterminer ensemble des personnes dans l’entreprise qui pourraient bénéficier de nouvelles expériences. De plus, vous pourrez encourager vos employés à développer des projets en accord avec leurs intérêts et ceux de l’organisation.
• Misez sur un travail motivant et stimulant. Exprimez clairement et régulièrement comment les tâches des employés, même monotones, se rattachent au succès de la mission de l’organisation. Favorisez la participation des employés dans des comités stratégiques de l’organisation, où leur expertise sera valorisée et mise à contribution.
• Accordez de l'importance à l’engagement. Multipliez les occasions de démontrer votre reconnaissance pour le temps et l’énergie investis par vos employés dans leur travail. Se sentir ainsi vus et valorisés peut alléger l’impact négatif des tâches sous-stimulantes.