En tournée avec Claudia Bouvette et Julie St-Pierre
Anne-Élisabeth Bossé: [00:00:00] Salut tout le monde, je m'appelle Anne-Elisabeth Bossé et bienvenue au balado de bénévolat : Ça arrive à tout le monde. Parce que Beneva, c'est vraiment du bon monde, on a fait aller notre réseau de contacts pour créer des rencontres mémorables. À chaque épisode, je reçois un invité pour jaser de ce qui arrive dans sa vie.
Voyager quand on est jeune, c'est pas toujours facile, ça peut être challengeant, mais ça peut surtout être formateur. Mais faire de la tournée quand on est jeune, être toujours sur la route, ça, comment ça se passe. Est-ce que c'est toujours le fun? Pour en jaser, je reçois Claudia Bouvette qui a participé à sa première tournée à l'âge de 15 ans avec Mixmania 2, et je reçois Julie St-Pierre qui a participé à sa première tournée à l'âge de 16 ans avec Mixmania 1. Let's go!
[intro]
C'est parti! Claudia, je suis tellement contente de te recevoir au balado, c'est vraiment un honneur! Je t'admire tellement! Je suis super contente que tu sois là!
Claudia: [00:00:54] Merci! Moi aussi je suis contente d'être là.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:00:56] Mini-récapitulatif. Tu as participé à Mixmania 2 en 2011.
Claudia: Oui.
Anne-Élisabeth Bossé: Tu avais 15-16 ans je pense?
Claudia: Oui.
Anne-Élisabeth Bossé: Après ça, en 2019, tu as sorti Cool It, ton micro-album.
Claudia: Oui.
Anne-Élisabeth Bossé: 2022, Paradise Club que tout le monde connaît, au printemps passé. Et qui dit album, dit nécessairement tournée n’est-ce pas. Hmmm… la vie de tournée.
Claudia: Oui.
Anne-Élisabeth Bossé: Mais avant de te parler de la tournée de Paradise Club, j'aimerais ça de te ramener à ta première, première, première tournée, celle que tu as faite quand tu avais 15 ans. C'est quoi la première fois qui te vient quand je te parle de ça?
Claudia: [00:01:29] Euh, première chose, un Jean Légaré, donc une van de tournée.
Anne-Élisabeth Bossé: 100 %.
Claudia: Après ça, bien évidemment, je vais voir mes amis de Mix. On était huit dans la gang, quatre filles, quatre gars à se promener, à faire le tour du Québec en Jean Légaré.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:01:45] Puis dans la même camionnette.
Claudia: [00:01:46] Même van. Et je te dirais que mes meilleurs souvenirs, honnêtement, bien évidemment, les shows. Ça, c'était assez fou, là. Tsé, on était on était des jeunes pas professionnels, qui avons appris à devenir professionnels en claquant des doigts.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:02:02] Oui, oui, construire l'avion en plein vol un peu. Oui, oui, vitesse grand V.
Claudia: [00:02:06] Exactement. Fait que, oui, admettons les spectacles, les après-shows, tsé après chaque spectacle, on faisait une séance d'autographes, puis de photos, puis quasi toute la salle était en file d'attente. Donc c'était… Puis souvent, on faisait des supplémentaires dans la même journée, fait que c'était deux shows par jour et deux séances d'autographes après. Fait que c'était intense. Vraiment, vraiment intense. Mais je te dirais que mes souvenirs les plus forts, pour vrai, c'est les rides de bus de ville en ville.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:02:35] Forts dans quel sens?
Claudia: [00:02:37] Bien, dans le sens que c'était comme le moment où on était tous ensemble, puis qu'on partageait un peu cette intimité-là de, ne serait-ce que de jouer à des jeux, de juste jaser ou de s'endormir sur l'épaule de notre best friend ou de… Puis on était avec notre nounou, Chantal aussi, qui faisait la tournée avec nous autres, qui s'occupait de nous autres.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:02:57] Oui parce qu'en fait, il y a juste vous autres qui pouviez comprendre ce qui se passait, parce que vous étiez tous pas professionnels, projetés là-dedans. Fait que vous étiez un peu envers et contre tous, tsé, j'imagine. Qui d’autre peut comprendre cette réalité-là, d'être projeté…
Claudia: [00:03:10] Puis c'est fou, parce que c'est vraiment dur à décrire à quel point ça a été une expérience extrême dans tous les sens du terme. Autant dans le côté positif qu'il y a des facettes vraiment négatives qu'on a vécues par la suite, tsé, du fait d'avoir été propulsés aussi rapidement dans l'espèce de showbiz.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:03:33] Bien ça, c'est certain. Mais admettons qu'on reste dans le Jean Légaré, tu avais pas un chum? Tu étais en couple avec un des gars?
Claudia: [00:03:42] Ah oui, moi, Tommy Tremblay, Petit Tom.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:03:44] Petit Tom. C’était-tu ton premier chum?
Claudia: [00:03:46] C'était mon premier.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:03:47] C'est tellement d'intensité dans la même… Puis surtout, l’âge.
Claudia: [00:03:51] Tsé, comme à 16 ans, tu vis tes premières de tout. Tu es en amour pour la première fois de ta vie. Tu trippes, mais tu es pâmée sur ce gars-là. Puis tu es jeune, fait que tu as pas de repères. Puis admettons qu'on sort du côté amour, juste qu'est-ce qu'on vivait en tant qu'être humain, c'était vraiment too much. Puis là, bien tu embarques là l’espèce de vedettariat et l'espèce de reconnaissance de tout le monde tout d'un coup, c'était vraiment intense. Puis bien, ça a été une relation… Tsé, je peux dire que j'ai vraiment été amoureuse de Tom, puis je sais que c'était réciproque, puis c'était… C'était beau, mais c'était à la fois ouf!
Anne-Élisabeth Bossé: [00:04:33], Mais c'est très sur le 220 tout ça, là.
Claudia: [00:04:34] Ah l’aïe l’aïe! Oui, oui, oui.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:04:35] J'imagine que ça avait peut-être ses côtés négatifs aussi avec… Je veux dire, à force de vivre une proximité aussi rapide, avec des émotions aussi fortes...
Claudia: [00:04:44] J'ai un souvenir de Chantal qui conduisait la van et puis qui nous mettait des musiques, des tounes genre « Tu ne m'aimes plus » ou c'était quoi le…
Anne-Élisabeth Bossé: [00:04:55] Mario Pelchat? Tu ne m'aimes plus, tu l'as cherché, tu l'as voulu, je ne t'aime plus?
Claudia: [00:04:59] C’est-tu ça? Ah! Je me rappelle plus c'est quoi la… mais je me souviens que...
Anne-Élisabeth Bossé: [00:05:01] Faudrait checker, mais oui, ça se peut que ça soit ça.
Claudia: [00:05:03] Elle nous mettait des tounes de break up puis nous on braillait dans le back seat.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:05:06] Non, non, non!
Claudia: [00:05:07] Puis on s'arrachait le cœur puis on était en amour, mais on était pas capable de s'aimer comme il faut à ce moment-là.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:05:13] À la vue de tous. Tout ça là, en groupe.
Claudia: [00:05:17] Oui. Exact.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:05:18] Mon Dieu. Tu l'as évoqué vite-vite, le contraste que ça a créé quand ça a arrêté. Je sais pas si tu fais de la plongée sous-marine, mais tsé quand tu vas super loin dans les profondeurs…
Claudia: Non, pas du tout.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:05:27] Moi non plus, le pire, mais c'est une image que je trouve bonne. Tu peux pas remonter si vite parce que tes poumons peuvent pas supporter. Moi, j'ai un peu cette image-là quand je pense à Mixmania. Vous vivez quelque chose de vraiment, vraiment intense, vous êtes projetés dans les profondeurs de ça, puis rapidement on vous demande de refaire surface, comme si de rien était, retourner à l'école avec tout le monde. Comment tu as vécu ce clash-là, en bon français?
Claudia: [00:05:48] Oh là là! C'était vraiment… Moi, je trouve qu'on a pas eu d'encadrement pour ce que ça représentait, pour l'ampleur de la situation. Tsé moi, du jour au lendemain, j'étais de retour à l'école. Après avoir vécu deux mois et demi dans un penthouse dans le Vieux Montréal, au dernier étage, à vivre le rêve absolu. Et moi, c'était comme si tout ce que j'avais rêvé jusqu'à présent, d'apprendre à danser, chanter, être sous les projecteurs.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:06:20] Tu vivais le rêve, rêve, rêve.
Claudia: [00:06:22] Le vrai de vrai rêve, tsé. Puis j'étais vraiment en mode petite éponge. J'accueillais tout ce que je vivais, puis j'étais vraiment dans toute mon innocence, tsé.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:06:32] Candeur totale.
Claudia: [00:06:34] Exact. Puis quand je suis revenue à l'école… puis d'ailleurs, je dois dire parenthèse, j'ai jamais eu des aussi bonnes notes à l'école que quand j'étais dans la maison.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:06:42] Hein, c'est particulier. Le bonheur amenait…
Claudia: [00:06:44] Je pense que j'étais tellement stimulée à la bonne place, puis enfin, j'avais le sentiment qu'on me comprenait et qu’on me prenait de la bonne façon. On dirait que le système scolaire, moi, ça a toujours été difficile. Je suis un peu rebelle, j’haïssais tout. Je ne voulais pas être là, je voulais faire…
Anne-Élisabeth Bossé: [00:07:01] Tu es un artiste.
Claudia: [00:07:01] C'est ça.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:07:02] Je comprends. Tu avais besoin d'un autre style d'encadrement, puis… OK.
Claudia: [00:07:06] Oui. Fait que quand je suis revenue à l'école, ça a été vraiment drastique. Puis il n'y avait personne pour premièrement me comprendre et j'avais pas d'encadrement. Et en plus, ma gang d'amis était un peu wack avec moi.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:07:22] Bien, c'est sûr.
Claudia: [00:07:22] Pas super fine. J'ai une gang d'amies de filles. J'ai même eu une professeure qui m'avait pris à part dans son bureau. Elle m'avait dit « je veux te dire, j'ai entendu tes amis dire des choses pas très gentilles à ton sujet pendant que tu n’étais pas là. J'aime mieux te le dire, juste pour que tu saches. Pour pas que tu te fasses manger la laine sur le dos, puis juste que tu sois en connaissance de cause ». Fait que moi, c'était comme… puis là tout d'un coup, je marchais dans les couloirs et les gens me regardaient bizarrement.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:07:49] Tu as 16 ans là.
Claudia: [00:07:51] Me jugeaient, m’analysaient.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:07:51] Aïe aïe aïe.
Claudia: [00:07:52] Puis, c'était pas de la grosse intimidation au premier degré de m’effouerer dans une case, mais c'était insidieux. C'était beaucoup de préjugés tout d'un coup. Puis moi, j'ai toujours été une jeune spontanée. Je n'avais pas peur du ridicule, je faisais un peu à ma tête, puis c'était vraiment ma personnalité, j'étais comme ça. Puis moi, en revenant de Mix là, je me suis vraiment éteinte. Je me suis dit… Puis là, je voulais plus faire… je ne voulais plus déranger.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:08:17] Tu voulais plus de spotlight sur toi.
Claudia: [00:08:19] Non. Puis là tout d'un coup, bien là, j'étais rendue snob.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:08:21] C'était pas de bonne façon de le vivre. Tu es arrivée en winner, ils auraient été comme « ah regarde la grosse tête ». Puis là, si tu t’éteins, c’est parce que tu es snob. Non, mais c'est tellement deuils en même temps. Le deuil de la vie ensemble, ton premier chum, le deuil de la musique un peu au quotidien, être ciblée pour les bonnes raisons, être ciblée pour les mauvaises raisons. C'est énormément d’adaptation.
Claudia: [00:08:38] Pas d’encadrement, personne pour m'aider à comprendre qu’est-ce qui se passe, à me calmer. C'était vraiment… vraiment une période étrange de ma vie, puis ça a pris du temps à me remettre de ça. Parce que je comprenais pas vraiment comment m'enligner moi-même. Puis même que socialement après, il y a eu certains backlash, tsé.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:08:56], Mais visiblement, tu as retrouvé la route vers ça parce que tu chantes. Puis, comment tu t'y es pris pour te reconstruire finalement après ça?
Claudia: [00:09:05] Bien tsé, moi après, il fallait que je fasse des choix. Tsé, j'ai fait mon secondaire 5. Après ça, je me souviens que j'ai eu une période tampon où je ne savais pas quoi faire. Tsé, je savais que je voulais faire de la musique dans la vie, ça c'était clair. C'est la seule chose qui était claire comme de l'eau de roche, mais je ne savais pas comment m'y prendre. Puis là, c'était le temps de choisir un programme, à quel cégep que j'ai envie d'aller. Puis je me souviens de me dire « je devrais aller en musique, mais j'ai vraiment peur de me faire mettre dans un carcan qui n'est pas… » J'avais peur de rentrer dans un espèce de moule qui n'était pas mon choix. Fait que j'ai fait une session au cégep en accueil et intégration parce que je me trouvais smatte. J'étais comme « je lâche pas l'école, je suis bonne ».
Anne-Élisabeth Bossé: [00:09:50] Oui, oui, je suis encore dans le circuit, puis oui.
Claudia: [00:09:52], Mais à ce moment-là, j'ai eu mon ma première audition pour un rôle à la télé, puis j'ai décroché. Donc j'avais un choix à faire. C'était soit faire 30 vies puis de déménager à Montréal.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:10:01] Tu as fait 30 vies?
Claudia: [00:10:02] Oui, j’ai fait 30 vies. Bien, Karine Vanasse.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:10:03] Ah, j'étais partie parce que moi je faisais Karine Pagé avec Marina Orsini. On ne s’est pas croisées.
Claudia: [00:10:09] OK! Tu étais là avant?
Anne-Élisabeth Bossé: Oui. J'ai fait les deux premières éditions. C'est pas très intéressant, là, mais…
Claudia: Non, mais on…
Anne-Élisabeth Bossé: Non, mais on s'est manquées d'une année, je pense.
Claudia: [00:10:15] Ça fait que c’est ça qui m’a sauvée, je te dirais.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:10:15] Ah oui, fait que tu as bifurqué par le jeu.
Claudia: [00:10:17] Oui. En fait ce qui m'a sauvée, c'est de vraiment avoir eu les bonnes opportunités au bon moment, puis d'avoir eu la chance et le choix de pouvoir suivre cette voie-là, tsé.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:10:28], Mais, c'est touchant de voir que… parce que ça aurait même pu éteindre ta petite flamme. C'est vraiment beau de voler si haut, mais tu aurais pu te brûler les ailes un petit peu après? Moi puis mes métaphores...
Claudia: [00:10:37] Ah j'adore!
Anne-Élisabeth Bossé: [00:10:38], Mais quand même, tu as comme réussi à protéger ton feu sacré, puis de retourner. Puis là justement, 2022 printemps, tu sors Paradise Club et ça te ramène sur la grande vie de tournée.
Claudia: Oui!
Anne-Élisabeth Bossé: Est-ce que t'aimes encore ça? Parce que c'est différent, là, c'est pas le Jean Légaré avec Tom et puis je ne t'aimais plus, et puis Chantal, là. C'est quoi la grosse différence en fait entre maintenant puis avant?
Claudia: [00:10:58] Bien, la grosse différence, c'est que maintenant je suis autonome. Tsé, c'est moi qui qui gère vraiment plus que dans le temps où j'avais 15 ans et que puis, dans le fond, on se faisait vraiment prendre en charge du début à la fin, tsé. On était vraiment comme des enfants. On était des enfants. Faut le dire clairement.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:11:16] Faut dire que vous l’étiez.
Claudia: [00:11:18] On était des enfants. Là, bien la nuance, c'est que bien il y a pas de Jean Légaré, c'est moi qui conduis.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:11:22] Toi, admettons tu t'en vas tourner, je veux dire, Val-d'Or, toi tu pognes ton auto puis tu vas à...
Claudia: [00:11:27] Oui. En fait, c'est que ça va dépendre de la formule. Si je suis en formule duo, parce que pour peu importe la raison, je m'en vais faire un contrat qui est soit moins payant ou qu’il y a moins d'espace, fait que ça, souvent on prend mon char. Puis si on fait la formule trio avec le drummer, il a un gros kit. Bien là, à ce moment-là, l'été passé on avait un cube blanc qui appartient à mon gérant, fait que ça, c'était vraiment un charme.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:11:53] Tu conduis-tu le cube?
Claudia: [00:11:53] Non, j'ai pas le permis.
Anne-Élisabeth Bossé: C'est correct.
Claudia: Mais je pense que je serais bonne. Je sais pas, je vais pas me vanter, mais je pense je suis une bonne conductrice manuelle.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:12:01] Je suis sûre que oui!
Claudia: [00:12:02] Je veux pas me vanter, mais je pense que je suis une bonne conductrice.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:12:03] Tu conduis manuel?
Claudia: Bien oui.
Anne-Élisabeth Bossé: Chapeau!
Claudia: Qu’est-ce que tu penses, of course!
Anne-Élisabeth Bossé: Très bonne. Très, très impressionnant. Qui dit tournée, dit partir longtemps de la maison. Comment tu feeles, toi, quand tu sais que tu pars pour une semaine? Est-ce que tu laisses derrière plein d’affaires? Ça te brise-tu le cœur ou, toi les hôtels, super bien là-dedans, admettons?
Claudia: [00:12:16] Ah moi, j'ai aucun problème avec ça. Moi, on dirait que plus que je sors de ma zone de confort…
Anne-Élisabeth Bossé: Mieux tu te sens.
Claudia: Mieux je me sens. Admettons, exemple quand… là c'est pas de la tournée, mais quand j'ai fait Jérémie, la première saison, on était hébergés sur le Camp Bruchési dans une vieille maison centenaire, puis ils nous avaient organisé ça avec des bunk bed. Puis moi, je trippais ma life de partager mes toilettes avec mes amis.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:12:40] Oh my, my!
Claudia: Je sais!
Anne-Élisabeth Bossé: Vous êtes peu nombreux, là, à vivre ça de même.
Claudia: [00:12:42], Mais moi, c'est comme l'espèce de côté commune, ça m'excite.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:12:47] Puis tu es jamais… je trouve, il y a un mot français qui serait comme un peu nostalgique, mais c'est pas ça que je veux dire. Tu es pas home sick. La maison ne te manque pas.
Claudia: [00:12:54] Je pense que potentiellement après un long laps de temps, oui. Tsé, j'aime revenir à la maison et tout. Mais j'ai pas tant de responsabilités, tsé. Mise à part admettons mon chien. Mais sinon, j'ai personne dans ma vie et puis je pense que ça m'aide à justement ne pas me sentir retenue.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:13:12] Oui, si quelqu’un s’ennuie.
Claudia: [00:13:14] Je me sens libre, tsé, je peux comme partir sans m'en faire pour personne, tsé.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:13:19] Tu as bâti ta vie en fonction de pouvoir faire ça sans regarder derrière.
Claudia: [00:13:22] Oui, exact.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:13:23] Et tu as l'avantage aussi de parfois avoir ton papa avec toi en tournée?
Claudia: [00:13:26] Oui. Ah non, mais ça c'est cool. Parce qu’il faut dire que l'été passé, c'était ma première réelle tournée. Pas dans le sens que dans le temps de Mix, c'était pas vrai. C'est juste que là, c'est ma tournée avec mon matériel. Puis ce que je trouve merveilleux, c'est que j'ai pu avoir l'occasion d'avoir mon père qui m'a suivie l'été passé. Parce que je sais que si ça avait pas été de lui qui agit en tant que bender guy ou de roady.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:13:51] Il te suivait en tournée, c’était le roady.
Claudia: [00:13:52] Il me suivait. Puis sinon, on se serait pas vu de l'été, tsé.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:13:55] Bien non, je comprends.
Claudia: [00:13:56] Puis, il est bon mon père. Lui, il est technicien à loisirs, fait que sa vie ça a été d'organiser des affaires, puis d'être sûr que tout fonctionne, puis s'occuper de la merch. Puis il est super proactif et je sais qu'il était content d'être là. Puis en même temps, on partageait des super beaux moments.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:14:10] Bien oui, inoubliables, c'est certain. Puis, ça devait être sécurisant aussi d’avoir son père avec soi.
Claudia: Oui, vraiment. Oui.
Anne-Élisabeth Bossé: Mais c'est drôle parce que je suis sûre qu'il y a plein de monde qui vont entendre ça et ça va être un bon clash avec ce qui s'imagine être la vie de tournée, là. Les vedettes ont des limousines. Ils sont toujours en avion. C'est pas ça, la réalité.
Claudia: [00:14:27] Ça, c’est dans les films en fait. Ou c'est quand tu es rendu à faire des tournées comme Angèle fait. Mais sinon, c'est vraiment pas tant glam.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:14:37] C'est quand même beaucoup de courage, comme on dit, partir avec le cube, s'arrêter souvent au Tim.
Claudia: [00:14:42] Tu aimes-tu le café Tim, toi?
Anne-Élisabeth Bossé: [00:14:43] J'aime le café Tim, j'aime les Tim bits, j'aime les bagels.
Claudia: [00:14:47] C'est ça, les bagels fromage.
Anne-Élisabeth Bossé: C'est très bon.
Claudia: Fromage à la crème, beurre.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:14:50], Mais en tout cas. Bref, tout ce qu'on décrit, ce n'est pas du tout banal. Puis particulièrement la première tournée dont tu nous as parlé. Puis j'aimerais... C'était tellement beau quand vous vous êtes croisés en dehors du studio. On a avec nous Julie St-Pierre.
Claudia: Oui!...
Anne-Élisabeth Bossé: Mon Dieu, qui a animé le Mixmania 2 dans lequel tu étais. Et j'aimerais ça qu'elle vienne parler de son expérience.
Claudia: [00:15:09] J'aimerais tellement ça!
Anne-Élisabeth Bossé: [00:15:11] Ça te tente de rester?
Claudia: [00:15:12] Bien oui, of course. On l'accueille ma grande chum?
Anne-Élisabeth Bossé: [00:15:14] On l'accueille maintenant. Oui.
[transition]
Anne-Élisabeth Bossé: [00:15:16] Julie St-Pierre.
Julie: Allô!
Anne-Élisabeth Bossé: Une autre belle grande dame que je suis si contente de recevoir.
Julie: [00:15:20] Bien là! C'est donc bien le fun, cette jasette!
Anne-Élisabeth Bossé: [00:15:22] Non, mais ça, ça va être… c'est déjà le fun. Petite présentation rapide parce que toi tu as fait Mixmania saison 1 en 2002.
Julie: The original.
Anne-Élisabeth Bossé: The original! pour ensuite avoir animé Mixmania 2 en 2011, n'est-ce pas Mixmania 3 en 2012. Et tu es aussi, comme on le sait, animatrice à la télévision, à la radio.
Julie: Exactement.
Anne-Élisabeth Bossé: Mais vous avez énormément de choses en commun, les deux filles.
Julie: [00:15:45] Beaucoup. Beaucoup, beaucoup. Puis à chaque fois que j'entends parler de Claudia, de son expérience à Mixmania, je me reconnais beaucoup. Puis je pense qu'on a sous-estimé, ça. On a sous-estimé qu'on pouvait, malgré le dix ans de différence entre les deux éditions, comprendre. Comprendre ce qu'on a vécu, dans le fond.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:16:01] Bien mon Dieu, c'est intéressant. Qu'est-ce que Claudia a dit qui t’a sonné une cloche, qui t'a?
Julie: [00:16:05] Le retour dans la vie normale, le syndrome d'imposteur? Vouloir s'effacer, pas prendre trop de place, tout ça, là.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:16:12] C'est comme un parcours un peu répandu, de ce que je comprends.
Julie: [00:16:15] Oui, puis tsé, là, évidemment, c'est des aspects qui sont peut-être moins glorieux, moins le fun, mais c'est parce que ça fait partie du truc aussi. Faut pas faire semblant que c'est juste beau et magique. Bien non, mais c'est plus positif que négatif.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:16:27] C'est une expérience humaine avec tout ce que ça comporte.
Julie: [00:16:30] Vraiment. Puis de le vivre à un jeune âge aussi, c'est particulier.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:16:33] Oui, toi t'avais 16 ans c'est ça quand tu as fait ta première tournée?
Julie: Oui, exact.
Anne-Élisabeth Bossé: Bien grosso modo, qu'est-ce qui te vient? Comment ça s'est passé de ton côté?
Julie: [00:16:38] La tournée?
Anne-Élisabeth Bossé: La première tournée.
Julie: J'ai peu de souvenirs. Dans le sens où c'était tellement fort en émotions, puis c'était tellement des grandes expériences qu'on vivait, qu'on dirait que j'ai… tsé, je me souviens que j'ai fait une tournée, tsé quand même. Mais des souvenirs précis, on dirait que ça, ça m'échappe. Puis je m'en veux des fois de pas avoir réussi à conserver ça dans ma tête. Mais je sais que moi, je suis une ennuyeuse. Puis là, j'avais un amoureux à ce moment-là, fait que tsé…
Claudia: [00:17:05] Toi aussi? OK, mais pas dans la gang.
Julie: [00:17:07] Il était pas dans la gang, fait que je trouvais ça dur!
Anne-Élisabeth Bossé: [00:17:08] Tu laissais derrière ton chéri à 16 ans.
Julie: [00:17:11], Mais c'est pour ça, faut pas avoir de chéri. C'est ça le secret.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:17:14] Puis tsé, ça pourrait être un autre podcast, ça. Oh là là, un balado à faire là-dessus.
Julie: [00:17:18], Mais tsé, à l'adolescence aussi, tu te définis beaucoup par ça, par ton entourage, tsé tu veux être avec tes amis. Fait que c'est comme si c'était toujours, toujours en contradiction entre « je vis mon rêve » puis en même temps « je veux vivre ma vie d'ado ». Je suis contente de partir puis de vivre ça, mais je réalise pas la chance que j'ai, fait que moi, je veux juste être à l'école avec mes amis. C'est vraiment particulier.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:17:39] Comment ça se passait, l'école? C'était les fins de semaine… non, je veux dire, la semaine tu étais à l'école, puis la fin de semaine, tu partais en tournée?
Julie: [00:17:43] Oui, exactement. Dans le fond, avec Mixmania là, ça a duré en tout et partout, si on pense à l'émission de télé puis à la tournée, un an et demi. Fait que je dirais qu'en tournée, je sais pas, c'était peut-être un genre d’un peu moins d'un an, je pense.
Anne-Élisabeth Bossé: Quand même!
Julie: Mais tsé, vendredi, samedi, dimanche, puis partout, puis deux shows par jour, puis on part en van puis...
Anne-Élisabeth Bossé: [00:18:01] Puis manquiez-vous d'énergie ou à cet âge-là, on est intuable?
Julie: [00:18:05] Non, je pense que des fois, il y avait des week-ends ou soit… Parce que la vie continue, fait que peut-être que ça nous tentait moins ou, tsé, fallait étudier, il y avait des examens qui s'en venaient. Moi je me souviens...
Anne-Élisabeth Bossé: [00:18:14] Oui, ça arrête pas.
Julie: [00:18:15] …avoir vécu mon bal, mon après-bal, puis je pouvais pas vraiment dormir à l'après-bal parce que j'avais un show le lendemain puis on enregistrait l'album live.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:18:24] Gros sacrifice!
Julie: [00:18:25] Énormément! Pour vrai. Retarder mon cours de conduite parce que j'ai pas le temps, je suis à Mixmania, tout ça.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:18:30] Mixmania, des gros défis d'adulte.
Julie: Ah oui!
Anne-Élisabeth Bossé: Mais dans le corps d’une fille de 16 ans.
Julie: [00:18:34] Oui, mais c'est ça! Mais tsé, on rigole, mais tsé, c'était le fun la tournée. Puis je touchais à quelque chose, je vivais quelque chose. Mais le fait, comme Claudia l’a dit, de le vivre avec d'autres personnes, c'est et à la fois trippant, et à la fois tu fais pas nécessairement ce dont tu rêves pour une carrière personnelle. Tsé, tu chantes pas nécessairement les chansons que tu veux chanter, fait que tsé, il y a comme…
Anne-Élisabeth Bossé: [00:18:57] Il y a du compromis dans tout ça.
Julie: Oui.
Anne-Élisabeth Bossé: C'est sûr qu'à cet âge-là, il y a des frictions, là, quand même.
Julie: [00:19:02] Puis c'est sûr aussi, je sais pas, c'était un peu ça dans ton édition de Mixmania, mais un groupe que tu crées toi-même, tu choisis les membres de ton groupe, tu choisis ta gang de tournée, tes techniciens, tout ça. Là, c'est imposé. C'est merveilleux là, tsé, je veux pas qu'on pense que j’ai haï ça.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:19:20] Tu es prises en charge. C’est super, mais…
Julie: [00:19:21], Mais tsé, c'est un concours fait que tu es mis avec… tsé, tu es avec d'autres gens que tu aurais peut-être pas nécessairement choisis dans la vie. On est bien tombé, on s'est bien entendu, mais tsé, c'est ça. On avait certaines façon de voir les choses des fois différentes. Il y en a qui étaient plus à leur affaire, d'autres moins, fait qu’il y a tout ça aussi à consolider.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:19:44] Puis c'est un âge où il se joue des grosses affaires, là, c'est des jeunes de 16 ans, là. C’est tellement d'hormones dans le même...
Julie: [00:19:50] Il fallait apprendre à cohabiter.
Claudia: Puis c'est vrai que les hormones, c'est une autre affaire, là. Nous autres, je me souviens, on est rentré dans la maison et ça n'a pas pris quinze minutes que tout le monde était in love avec tout le monde.
Julie: [00:20:00] Ah c’était plus vous autres, oui.
Claudia: Mais nous autres, il y a vraiment un phénomène étrange qui s'est produit avec notre gang où c'était… je me rappelle pas d'avoir eu de chicane. Puis au-delà de ne pas avoir eu de chicane, il y a réellement eu… on a tous était en couple. Moi c'était Tom. Jé sortait avec Alexandra, Anne-So sortait avec Mathieu.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:20:19] Fait que ça se trippait dessus, des gros kicks.
Claudia: [00:20:21] Fallait que Chantal nous dise une demi-heure d'avance d'aller se coucher, de se dire au revoir dans le salon parce que ça prenait une demi-heure de dire « bonne nuit, à demain matin ».
Anne-Élisabeth Bossé: [00:20:30] Ah que c’est drôle!
Claudia: C’était l’amour.
Julie: [00:20:34] OK, vous étiez plus emo que nous autres là, on était pas tant que ça.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:20:37], Mais ce que j'entends, ce qui me frappe le plus, c'est qu'on vous demandait des responsabilités d'adultes. Je veux dire, vous avez fait le Centre Bell, on vous demande d'être professionnel, le soundcheck, de vous rappeler vos mouvements. Bref, c'est énormément de pression. Puis en même temps, tu as pas de char et tu peux pas aller faire un tour du bloc quand tu es tannée. Je trouve que c'est quand même dur à intégrer. C'est un drôle d'âge pour ça.
Julie: [00:20:58] Tsé, tu peux pas sortir vraiment. Puis tu as pas la majorité, fait qu’ils te laissent pas partir nulle part, aller, comme tu dis, prendre l'air si tu as le goût.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:21:06] Décompresser, prendre une bière. Non.
Julie: [00:21:09] Tu es accompagnée de tes parents. Moi, tsé, je sais que dans notre tournée là, les parents accompagnaient.
Anne-Élisabeth Bossé: Ah oui!
Julie: Mais tsé, nous on voyageait ensemble, mais nos parents étaient souvent là, là. Ah oui! Puis tsé, je me souviens, on a voyagé en avion aussi. Tsé, c'était la grosse vie, là.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:21:22] Ça devait être excitant, ça.
Julie: [00:21:23] Ah, complètement. Rimouski, Sept-Îles, Chicoutimi en avion.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:21:28] Des grandes distances.
Julie: [00:21:29] On a adoré!
Anne-Élisabeth Bossé: [00:21:29] Ce qui fait justement que la chute est d'autant plus drastique quand ça s'arrête du jour au lendemain. Comment on vous l'apprend? Comment ça se passe? On dit « oui, c'était le… » Bien, vous le saviez qu'à un moment donné, il y avait une fin?
Julie: [00:21:38] Bien oui, on sait qu'il y a une fin de tournée, mais moi je sais que dans notre tête à nous, je pense qu'on pensait peut-être que ça allait reprendre éventuellement. Tsé, qu'on allait avoir le temps un peu de souffler, puis tsé, de refaire autre chose. Moi, je me souviens là, si je me rappelle de mon état d'esprit, moi j'étais tannée. C'est comme si, moi, je voulais que ça arrête.
Anne-Élisabeth Bossé: Tu avais fait le tour.
Julie: Oui, mais j'avais pas figuré que ça allait comme arrêter. Oui, c'est vraiment drôle à dire, là.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:22:07] Que l'arrêt serait permanent. Tu aurais pris une pause, mais tu aurais refait un petit Centre Bell à un moment donné.
Julie: [00:22:11] Bien oui. Puis en fait, puis tsé en même temps, on peut pas changer comment les choses se sont passées, mais j'aurais aimé ça plus en profiter. Plus profiter de la vie de tournée, plus profiter de chanter au Centre Bell. Tsé, savoir ça aujourd'hui. Mais c'était tellement gros, puis il y avait tellement de choses dans l'horaire pour un ado, qu'on pouvait…
Claudia: [00:22:29] Tu peux pas le processer.
Julie: [00:22:29] Non, puis il fallait vivre ça là, à petites doses. Et en même temps, c'est parfait parce que je pense que, sinon, poup!, on aurait tilté là.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:22:35], Mais est-ce que ces constatations-là ça te donne le goût d'en refaire? Referais-tu cette vie de tournée?
Julie: [00:22:43] Bien, c'est drôle parce que Claudia disait tantôt « J'ai pas de responsabilités, il n'y a personne qui m'attend ». Moi, j'ai des responsabilités, il y a des gens qui m'attendent.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:22:49] Très différent comme set up.
Julie: [00:22:50], Mais en fait, plusieurs choses. D'abord, mes enfants, tsé, je comprends qu'on peut partir en tournée avec ses enfants, puis il y a plein de parents qui sont chanteurs, musiciens, qui partent en tournée, acteurs, tout ça. Moi, je sais que je trouverais ça difficile. Je ne dis pas que j'aurais pas envie jamais, mais je trouverais ça dur de faire en plus, tsé, la gestion de l'horaire familial, mon chum, tout ça. Tsé, je suis très bien à la maison, ceci dit. Puis je pense qu'en vieillissant aussi, on est plus… on aime être plus confortable. Tsé, quand tu es jeune, les petits hôtels, les ci, ça fait partie du trip.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:23:24] Le bunk bed, Jérémie, tout ça, on s'en fout. OK je comprends qu’à un moment donné…
Julie: [00:23:28] Je pense que comme adulte, il y a un certain confort qu'on aime avoir. En tout cas, je vais parler pour moi. Mais tsé, fait que je dirais pas non, mais ça dépend, tsé.
Anne-Élisabeth Bossé: Pas à n'importe quelle condition.
Julie: Pas à n’importe quel prix. Oui c'est ça, il y aurait des petites conditions à respecter, je pense.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:23:42], Mais c'est le fun, que tu as pu regoûter à Mixmania en 2011, quand tu as décidé de… Comment ça s'est passé? Tu as décidé, est-ce que tu t’es proposée? Est-ce qu'on t'a approchée? Je veux animer Mixmania?
Julie: [00:23:50] Tu le sais-tu cette histoire-là?
Claudia: Non! Mais je pense pas.
Julie: OK, fait que moi, j’entends parler, parce que je suis déjà dans le milieu, je suis à la radio, je suis un peu en télé et tout ça. Fait que j'entends là que dans les plans, il y a cette idée de refaire un autre Mixmania. Alors ni une ni deux, moi je saisis les opportunités dans la vie. J'ai contacté moi-même la production en disant « Allô, je sais pas à qui vous avez pensé, mais vous oubliez tout ça, c'est moi qu’il vous faut ».
Anne-Élisabeth Bossé: [00:24:16] Moi, puis personne d'autre.
Julie: [00:24:17] « Bien, c'est ça, ce ne sera pas possible que ce soit quelqu'un d'autre. Comment je vous dirais ça? » Et je pense que j'étais convaincante parce que je leur ai comme fait comprendre que non, non, mais je suis la personne toute indiquée.
Claudia: [00:24:28], Mais oui, tu es animatrice.
Julie: [00:24:30] Je l’ai vécu, je le comprends, j'anime, tsé, tout était dans tout. J'aimais tout ça. Puis on m'a fait confiance, puis j'ai pu animer les deux éditions.
Claudia: [00:24:36], Mais tu étais tellement parfaite pour ça. Ça a pas de bon sens.
Julie: Comme une grande sœur, je pense.
Claudia: Oui, puis je trouve ça fou parce que…
Anne-Élisabeth Bossé: Vous êtes tellement adorables!
Julie: [00:24:43] On se voit pas souvent, je suis contente.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:24:45] Continuez s'il vous plaît
Claudia: [00:24:46] Non mais tsé, c'est c'était comme, tsé, de vivre exactement ce que tu as vécu huit ans plus tard à la même âge. Tsé, à 15-16 ans, puis de t'avoir là, tsé, à nous mentorer, puis à vivre ça avec nous, pour toi, je suis sûre que c'était quelque chose de totalement différent. Pour nous autres, c'était autre chose de t'avoir dans ce rôle-là.
Julie: [00:25:09] Il y en avait beaucoup qui avaient écouté mon édition Mixmania aussi, fait qu’il y avait ça là.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:25:11] Bien oui, c'est clair.
Claudia: [00:25:12] Puis maintenant qu'on est onze ans plus tard et que là les deux on fait nos vies, je trouve que là…
Julie: On est rendu à douze, tu viens de dire?
Claudia: Oui, ça fait douze ans. Mixmania 2, ça fait douze ans.
Julie: C’est capoté, hein.
Claudia: [00:25:25] Fait que c'est comme, j'ai… C'est fou. J'ai l'impression qu'on arrive à se comprendre différemment maintenant qu'à l'époque.
Julie: [00:25:32] Puis moi, j'ai un regard sortir sur Claudia, mais sur tous les autres.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:25:35] C'est tellement la question. Comment tu les vois ces jeunes aujourd'hui?
Julie: [00:25:38] Avec tellement de fierté!
Anne-Élisabeth Bossé: J'imagine.
Julie: Je suis fière comme une petite mère, tu comprendras.
Anne-Élisabeth Bossé: Oui!
Julie: Fait que je suis fière comme une grande sœur, comme… puis tsé, tu disais un peu de mentorat. Oui, puis en même temps, non. Parce que tsé, j'avais vraiment plus l'impression d'être une grande sœur puis de… moi, j'aurais aimé ça, avoir quelqu'un qui comprenait ce que je vis. Et puis tsé, on n'a pas eu ça parce qu'on était les premiers, fait que je trouvais ça le fun. En même temps, je trouve que j'ai pas été assez là. Avec le recul, je me dis, ah, j'aurais aimé ça prendre plus part. Tsé, je venais travailler dans le fond.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:26:04], Mais tu étais dans la tournée non plus, tu pouvais pas être là partout, là.
Julie: [00:26:08] Je pouvais pas être partout Anne-Éli, tu as bien raison.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:26:09] Bien, tu peux pas être partout Julie.
Julie: Mais tsé, c’est qu'on aimerait ça.
Anne-Élisabeth Bossé: J'ai une question. En quoi ça fait, de vous, qui vous êtes d'avoir fait ça, la vie de tournée? Quels impacts ça a eus sur? Tsé, c'est une période tellement formatrice, on est tellement des éponges, comme tu disais. C'est sûr que ça a eu un impact. Savez-vous, avec le mini-recul que vous avez, comment ça vous a transformées?
Julie: [00:26:28] Le vivre ensemble. Tsé la tournée, c'est un peu ça. Tu partages ton espace, tu partages tes journées, tsé fait que de vivre avec les autres, puis un peu la cohabitation aussi à un jeune âge. Moi, j'ai pas vécu après ça vraiment en colocation. Fait que c’était comme ça mon…
Claudia: [00:26:42] Moi, j'ai vécu toute ma vie en colocation. Je suis encore avec deux colocs, inépuisable.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:26:48] Oh mon Dieu. Toi, fille de gang, fille de groupe.
Claudia: [00:26:50] Plus capable!
Julie: Tsé, ça change plein de choses, la vie de tournée, l'expérience en soi. La vie de tournée, c'était aussi beaucoup, comme tu l'as dit, tsé de vivre des choses de grand à un jeune âge, là, dans le fond, tsé.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:27:03] Un boost de maturité peut-être aussi?
Julie: [00:27:06] Oui, puis de responsabilités, puis il y a une espèce de rigueur au travail aussi. Quand tu te déplaces, tsé, il faut que tu sois assez responsable pour dire « OK, je dois dormir, je dois pas trop… » Bien à cet âge-là, à Mixmania, on ne faisait pas le party, là.
Claudia: [00:27:17] Moi je me souviens, à un moment donné, ma mère m'a dit… elle avait entendu une jeune fille passer à notre table après un show prendre des autographes, puis elle avait entendu une petite fille dire : « Ah, je pensais que telle était fine, puis elle m'a même pas regardée ». Mais je dirai pas c'était qui dans la gang, mais il y a quelqu'un qui avait pas pris le temps de lever les yeux pour regarder. Puis elle, elle avait un seul moment à la table, puis ça allait vite, aweille. Puis peut-être que c'était sa préférée, puis elle l'a pas regardée, puis elle était vraiment triste. Puis ma mère m'avait dit : « Tsé, prends le temps ».
Anne-Élisabeth Bossé: [00:27:53] Fais gaffe, oui.
Claudia: [00:27:54] Prends le temps à chaque personne. Puis, ne serait-ce que juste « allô ». Ça fait que tsé, tu as raison, que tu apprends à considérer tous les paramètres que ça représente de faire la tournée. Puis tsé, je veux dire, on est déjà tellement mis de l'avant, puis on se fait tellement prendre soin de, que c'est important de faire comme « OK, mais tous les gens qui sont là ont un poste qui est autant important ». Puis tsé, c'est facile de virer diva à cet âge-là.
Julie: Mon Dieu, complètement.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:28:19], Mais on dirait que ça a fait le contraire avec vous deux. Vous avez l’humilité qui ressort tout de suite le travail de groupe, respecter justement le rôle de tous et chacun.
Julie: [00:28:30] Moi, j'ai tellement peur de ça.
Anne-Élisabeth Bossé: C’est donc lette, tu veux pas être de même.
Julie: Ah tsé, j’ai eu peur, peur, peur. Puis je pense que justement, je suis pognée aujourd'hui avec le fait de me voir moins, tsé, que je suis parce que je veux tellement pas avoir plus hot que...
Anne-Élisabeth Bossé: [00:28:39] La grosse diva.
Julie: [00:28:40] Ah oui, c'est ça. Fait que je suis hé, tout le temps à te ramener, fait que là, je suis comme on peut-tu juste rééquilibrer ça, puis être comme...
Anne-Élisabeth Bossé: [00:28:47] Du bon égo aussi, là.
Julie: [00:28:49] Bien, il faut. Juste un moment donné…
Claudia: [00:28:51] Voir ta valeur puis l'assumer, puis faire comme « j'ai le droit d'être ici ».
Julie: [00:28:54] Tsé, je pense il y a tellement de sous-couches à tout ça, là, c’est capoté.
Claudia: [00:28:59] Oui, à tout ce que ça a eu comme impact dans nos vies.
Julie: [00:29:02] C'est quand même, tsé, c’est toute la période où ton identité…
Anne-Élisabeth Bossé: Bien oui!
Julie: Tsé, fait que c’est comme wô, ça bouge beaucoup, beaucoup de choses. Puis ça change tellement, aussi, je trouve. Tsé, même au sein de notre propre famille immédiate, là, ça a créé des changements, veux, veux pas.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:29:18] Je comprends tellement ce que tu veux dire.
Julie: [00:29:20] Dans les amis, puis tout ça. Fait que c'est comme, tout ça là, après ça là, tu es tout pogné avec ça.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:29:24] Tu as comme une cousine qui te vouvoie du jour au lendemain. Tu fais « voyons, on jouait dans le sable ensemble. Qu'est-ce qu'il se passe? » Puis là, il y a comme un recul, puis tu veux tellement pas ça. Tu veux pas que ça change.
Claudia: [00:29:32] Ça t’est-tu arrivé, toi, de ressentir ça avec des membres plus proches de ta famille?
Anne-Élisabeth Bossé: [00:29:37] Oui, vraiment. Mais des amis du temps aussi, là. On dirait que tu retournes dans ta région, puis il y a… moi, je veux être quasiment plus authentique, qu’authentique. Puis là, je deviens trop familière, puis là, je sais plus comment me situer.
Julie: [00:29:48] Ah mon Dieu, on se ressemble tellement!
Anne-Élisabeth Bossé: [00:29:49] Faudrait pas qu'on pense que je me prends pour une autre. Puis oui, oui, c'est tout ça qui… Mais même ado, tu veux pas ça. Tu veux pas arriver à l'école puis… en tout cas. Comme tu dis, adulte, c'est difficile, fait qu'à cet âge-là, c'est énormément de notions sociales à intégrer d’un coup.
Julie: Beaucoup, beaucoup, oui.
Anne-Élisabeth Bossé: Seigneur Dieu. Fait que là à un moment donné, j'imagine qu'on est Mixmania. Puis quand Mixmania est fini, est-ce qu'on se pose la question : « Qui suis-je sans Mixmania »?
Julie: [00:30:10] Bien, c'est juste parce que tu te fais tout le temps dire « Ah c'est Julie de Mixmania, ah c'est Claudia de Mixmania ».
Anne-Élisabeth Bossé: Fait que ça te ramène tout le temps.
Julie: Fait que tsé, ton nom de famille, ça devient Mixmania, tu comprends?
Anne-Élisabeth Bossé: Oh my, my.
Julie: Fait que c'est comme si… Puis moi, j'ai pas vécu comme de crise d'adolescence, je l'ai comme vécu après, en changeant un peu de gang puis de… Tsé, je suis devenue un peu plus rock là, puis tsé, je cherchais mon monde un peu.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:30:28] Casser ton image un peu de ça.
Julie: [00:30:30] Oui. Oui. C'était comme de même que j'ai vécu ça. Et puis, je pense que oui, tsé après, tu veux te prouver que tu es autre chose, tu veux te définir autrement que par juste être « Julie de Mixmania ». Puis ça, j'ai trouvé ça difficile. Puis il y a juste le temps qui m'a permis de.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:30:46] Prendre une distance par rapport à ça.
Julie: [00:30:48] Bien oui. Puis maintenant, vingt ans plus tard, je suis si fière et heureuse quand on me dit « eille là, tu dois être tannée de t'en faire parler là, mais tsé, je t'écoutais à Mixmania ». Eille, ça me fait plaisir à en pleurer là, tsé, parce que ça me touche, puis je trouve ça beau. Puis, je remarque l'effet que ça a eu chez une certaine génération. Je me trouve tellement privilégiée d'avoir eu cet impact-là. Quand on est trop collés, je pense, sur l'expérience, on a pas cette distance-là pour apprécier si on veut. Fait que je pense que ça prend juste du temps pour comme dire « eille là aujourd'hui, ça me dérange pas Julie de Mixmania, parce que je sais que je suis aussi autre chose ».
Anne-Élisabeth Bossé: [00:31:20] Claudia, l’as-tu vécu comme ça aussi?
Claudia: [00:31:21] Bien moi, je me sens comme toi Julie. Tsé, puis comme on disait tantôt plutôt, là, à quel point c'est de se faire pitcher dans un projet comme Mixmania où tu as pas vraiment de droit de regard, puis c'est un train roulant, puis.
Julie: [00:31:36] Puis c'est correct là. On a dit oui à ça.
Anne-Élisabeth Bossé: C’est ça le deal.
Julie: C’est ça le deal.
Claudia: [00:31:38] Oui, c'est ça. Oui, oui. Puis moi, j'ai embraced le fait que j'étais Claudia des Glamies, puis qu'on je me grimais puis qu’on était une gang de girlpower. Tsé, j'ai vraiment aimé ça. Mais reste qu'après coup, c'était comment est-ce que j'ai envie de me représenter ou qu'est-ce que j'ai envie d'être par la suite. Tsé, c'est quoi mon histoire à moi, comment est-ce que je vais m'y prendre et tout, tsé. Puis maintenant, puis un peu comme tu viens de dire, tsé, je pense que jusqu'à très récemment, j'aurais jamais pu m'imaginer performer Amour point zéro sur scène. Puis en revenant de Big Brother, quand j'ai fait mon lancement, j'ai invité tous mes amis de Mix à venir chanter Amour point zéro et Chic chick sur scène, et c'était la fo-lie...
Julie: [00:32:22] C'est comme si trop collé, c'est quétaine, trop collé sur l'événement, c'est quétaine, mais là c'est comme…
Claudia: [00:32:27] On est rendus edgie.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:32:28] À la bonne place en dedans de vous.
Claudia: [00:32:29] Exact. Puis je me sens...
Anne-Élisabeth Bossé: Un tremplin pour devenir autre chose. Vous l’avez pas évacué.
Julie: [00:32:30] La nostalgie.
Anne-Élisabeth Bossé: Vous l’assumez.
Claudia: [00:32:31] Non, exact. Mais là, je me sens capable d'apprécier tout ce que ça a été et de même de la performer en live, je sais qu'il y a plein de gens dans la salle qui souhaitent que je la fasse parce que ça leur rappelle leur jeunesse.
Julie: [00:32:46] Puis ça enlève rien à ce que tu fais aujourd’hui.
Claudia: [00:32:48] Non, non, c'est exact.
Julie: Fait que c’est super.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:32:49] Vous en parlez avec beaucoup de globalité, beaucoup d'honnêteté et aucune amertume. Juste avec le regard comme juste sur ce que ça a été et puis, justement, en embrassant ce que ça a laissé chez vous. C'est très, très, très touchant de vous entendre parler de cette aventure-là. Encore une fois, un gros merci pour vous être livrées à cœur ouvert sur cette expérience-là. C'était vraiment très, très intéressant et très inspirant.
Julie: [00:33:09] Quand est-ce qu'on fait un road trip ensemble?
Anne-Élisabeth Bossé: On part!
[3 conseils avant de prendre la route]
FIN DE TRANSCRIPTION
Claudia Bouvette raconte sa vie de tournée à Anne-Élisabeth, surtout ses mois sur la route à 16 ans avec le phénomène Mixmania. Elle retrouve ensuite une participante de la saison 1, Julie St-Pierre. On explore les souvenirs des deux complices, mais aussi leur retour à la réalité!
Animation : Anne-Élisabeth Bossé
Invitées : Claudia Bouvette et Julie St-Pierre
Anne-Élisabeth Bossé: [00:00:00] Salut tout le monde, je m'appelle Anne-Elisabeth Bossé et bienvenue au balado de bénévolat : Ça arrive à tout le monde. Parce que Beneva, c'est vraiment du bon monde, on a fait aller notre réseau de contacts pour créer des rencontres mémorables. À chaque épisode, je reçois un invité pour jaser de ce qui arrive dans sa vie.
Voyager quand on est jeune, c'est pas toujours facile, ça peut être challengeant, mais ça peut surtout être formateur. Mais faire de la tournée quand on est jeune, être toujours sur la route, ça, comment ça se passe. Est-ce que c'est toujours le fun? Pour en jaser, je reçois Claudia Bouvette qui a participé à sa première tournée à l'âge de 15 ans avec Mixmania 2, et je reçois Julie St-Pierre qui a participé à sa première tournée à l'âge de 16 ans avec Mixmania 1. Let's go!
[intro]
C'est parti! Claudia, je suis tellement contente de te recevoir au balado, c'est vraiment un honneur! Je t'admire tellement! Je suis super contente que tu sois là!
Claudia: [00:00:54] Merci! Moi aussi je suis contente d'être là.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:00:56] Mini-récapitulatif. Tu as participé à Mixmania 2 en 2011.
Claudia: Oui.
Anne-Élisabeth Bossé: Tu avais 15-16 ans je pense?
Claudia: Oui.
Anne-Élisabeth Bossé: Après ça, en 2019, tu as sorti Cool It, ton micro-album.
Claudia: Oui.
Anne-Élisabeth Bossé: 2022, Paradise Club que tout le monde connaît, au printemps passé. Et qui dit album, dit nécessairement tournée n’est-ce pas. Hmmm… la vie de tournée.
Claudia: Oui.
Anne-Élisabeth Bossé: Mais avant de te parler de la tournée de Paradise Club, j'aimerais ça de te ramener à ta première, première, première tournée, celle que tu as faite quand tu avais 15 ans. C'est quoi la première fois qui te vient quand je te parle de ça?
Claudia: [00:01:29] Euh, première chose, un Jean Légaré, donc une van de tournée.
Anne-Élisabeth Bossé: 100 %.
Claudia: Après ça, bien évidemment, je vais voir mes amis de Mix. On était huit dans la gang, quatre filles, quatre gars à se promener, à faire le tour du Québec en Jean Légaré.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:01:45] Puis dans la même camionnette.
Claudia: [00:01:46] Même van. Et je te dirais que mes meilleurs souvenirs, honnêtement, bien évidemment, les shows. Ça, c'était assez fou, là. Tsé, on était on était des jeunes pas professionnels, qui avons appris à devenir professionnels en claquant des doigts.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:02:02] Oui, oui, construire l'avion en plein vol un peu. Oui, oui, vitesse grand V.
Claudia: [00:02:06] Exactement. Fait que, oui, admettons les spectacles, les après-shows, tsé après chaque spectacle, on faisait une séance d'autographes, puis de photos, puis quasi toute la salle était en file d'attente. Donc c'était… Puis souvent, on faisait des supplémentaires dans la même journée, fait que c'était deux shows par jour et deux séances d'autographes après. Fait que c'était intense. Vraiment, vraiment intense. Mais je te dirais que mes souvenirs les plus forts, pour vrai, c'est les rides de bus de ville en ville.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:02:35] Forts dans quel sens?
Claudia: [00:02:37] Bien, dans le sens que c'était comme le moment où on était tous ensemble, puis qu'on partageait un peu cette intimité-là de, ne serait-ce que de jouer à des jeux, de juste jaser ou de s'endormir sur l'épaule de notre best friend ou de… Puis on était avec notre nounou, Chantal aussi, qui faisait la tournée avec nous autres, qui s'occupait de nous autres.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:02:57] Oui parce qu'en fait, il y a juste vous autres qui pouviez comprendre ce qui se passait, parce que vous étiez tous pas professionnels, projetés là-dedans. Fait que vous étiez un peu envers et contre tous, tsé, j'imagine. Qui d’autre peut comprendre cette réalité-là, d'être projeté…
Claudia: [00:03:10] Puis c'est fou, parce que c'est vraiment dur à décrire à quel point ça a été une expérience extrême dans tous les sens du terme. Autant dans le côté positif qu'il y a des facettes vraiment négatives qu'on a vécues par la suite, tsé, du fait d'avoir été propulsés aussi rapidement dans l'espèce de showbiz.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:03:33] Bien ça, c'est certain. Mais admettons qu'on reste dans le Jean Légaré, tu avais pas un chum? Tu étais en couple avec un des gars?
Claudia: [00:03:42] Ah oui, moi, Tommy Tremblay, Petit Tom.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:03:44] Petit Tom. C’était-tu ton premier chum?
Claudia: [00:03:46] C'était mon premier.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:03:47] C'est tellement d'intensité dans la même… Puis surtout, l’âge.
Claudia: [00:03:51] Tsé, comme à 16 ans, tu vis tes premières de tout. Tu es en amour pour la première fois de ta vie. Tu trippes, mais tu es pâmée sur ce gars-là. Puis tu es jeune, fait que tu as pas de repères. Puis admettons qu'on sort du côté amour, juste qu'est-ce qu'on vivait en tant qu'être humain, c'était vraiment too much. Puis là, bien tu embarques là l’espèce de vedettariat et l'espèce de reconnaissance de tout le monde tout d'un coup, c'était vraiment intense. Puis bien, ça a été une relation… Tsé, je peux dire que j'ai vraiment été amoureuse de Tom, puis je sais que c'était réciproque, puis c'était… C'était beau, mais c'était à la fois ouf!
Anne-Élisabeth Bossé: [00:04:33], Mais c'est très sur le 220 tout ça, là.
Claudia: [00:04:34] Ah l’aïe l’aïe! Oui, oui, oui.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:04:35] J'imagine que ça avait peut-être ses côtés négatifs aussi avec… Je veux dire, à force de vivre une proximité aussi rapide, avec des émotions aussi fortes...
Claudia: [00:04:44] J'ai un souvenir de Chantal qui conduisait la van et puis qui nous mettait des musiques, des tounes genre « Tu ne m'aimes plus » ou c'était quoi le…
Anne-Élisabeth Bossé: [00:04:55] Mario Pelchat? Tu ne m'aimes plus, tu l'as cherché, tu l'as voulu, je ne t'aime plus?
Claudia: [00:04:59] C’est-tu ça? Ah! Je me rappelle plus c'est quoi la… mais je me souviens que...
Anne-Élisabeth Bossé: [00:05:01] Faudrait checker, mais oui, ça se peut que ça soit ça.
Claudia: [00:05:03] Elle nous mettait des tounes de break up puis nous on braillait dans le back seat.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:05:06] Non, non, non!
Claudia: [00:05:07] Puis on s'arrachait le cœur puis on était en amour, mais on était pas capable de s'aimer comme il faut à ce moment-là.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:05:13] À la vue de tous. Tout ça là, en groupe.
Claudia: [00:05:17] Oui. Exact.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:05:18] Mon Dieu. Tu l'as évoqué vite-vite, le contraste que ça a créé quand ça a arrêté. Je sais pas si tu fais de la plongée sous-marine, mais tsé quand tu vas super loin dans les profondeurs…
Claudia: Non, pas du tout.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:05:27] Moi non plus, le pire, mais c'est une image que je trouve bonne. Tu peux pas remonter si vite parce que tes poumons peuvent pas supporter. Moi, j'ai un peu cette image-là quand je pense à Mixmania. Vous vivez quelque chose de vraiment, vraiment intense, vous êtes projetés dans les profondeurs de ça, puis rapidement on vous demande de refaire surface, comme si de rien était, retourner à l'école avec tout le monde. Comment tu as vécu ce clash-là, en bon français?
Claudia: [00:05:48] Oh là là! C'était vraiment… Moi, je trouve qu'on a pas eu d'encadrement pour ce que ça représentait, pour l'ampleur de la situation. Tsé moi, du jour au lendemain, j'étais de retour à l'école. Après avoir vécu deux mois et demi dans un penthouse dans le Vieux Montréal, au dernier étage, à vivre le rêve absolu. Et moi, c'était comme si tout ce que j'avais rêvé jusqu'à présent, d'apprendre à danser, chanter, être sous les projecteurs.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:06:20] Tu vivais le rêve, rêve, rêve.
Claudia: [00:06:22] Le vrai de vrai rêve, tsé. Puis j'étais vraiment en mode petite éponge. J'accueillais tout ce que je vivais, puis j'étais vraiment dans toute mon innocence, tsé.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:06:32] Candeur totale.
Claudia: [00:06:34] Exact. Puis quand je suis revenue à l'école… puis d'ailleurs, je dois dire parenthèse, j'ai jamais eu des aussi bonnes notes à l'école que quand j'étais dans la maison.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:06:42] Hein, c'est particulier. Le bonheur amenait…
Claudia: [00:06:44] Je pense que j'étais tellement stimulée à la bonne place, puis enfin, j'avais le sentiment qu'on me comprenait et qu’on me prenait de la bonne façon. On dirait que le système scolaire, moi, ça a toujours été difficile. Je suis un peu rebelle, j’haïssais tout. Je ne voulais pas être là, je voulais faire…
Anne-Élisabeth Bossé: [00:07:01] Tu es un artiste.
Claudia: [00:07:01] C'est ça.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:07:02] Je comprends. Tu avais besoin d'un autre style d'encadrement, puis… OK.
Claudia: [00:07:06] Oui. Fait que quand je suis revenue à l'école, ça a été vraiment drastique. Puis il n'y avait personne pour premièrement me comprendre et j'avais pas d'encadrement. Et en plus, ma gang d'amis était un peu wack avec moi.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:07:22] Bien, c'est sûr.
Claudia: [00:07:22] Pas super fine. J'ai une gang d'amies de filles. J'ai même eu une professeure qui m'avait pris à part dans son bureau. Elle m'avait dit « je veux te dire, j'ai entendu tes amis dire des choses pas très gentilles à ton sujet pendant que tu n’étais pas là. J'aime mieux te le dire, juste pour que tu saches. Pour pas que tu te fasses manger la laine sur le dos, puis juste que tu sois en connaissance de cause ». Fait que moi, c'était comme… puis là tout d'un coup, je marchais dans les couloirs et les gens me regardaient bizarrement.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:07:49] Tu as 16 ans là.
Claudia: [00:07:51] Me jugeaient, m’analysaient.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:07:51] Aïe aïe aïe.
Claudia: [00:07:52] Puis, c'était pas de la grosse intimidation au premier degré de m’effouerer dans une case, mais c'était insidieux. C'était beaucoup de préjugés tout d'un coup. Puis moi, j'ai toujours été une jeune spontanée. Je n'avais pas peur du ridicule, je faisais un peu à ma tête, puis c'était vraiment ma personnalité, j'étais comme ça. Puis moi, en revenant de Mix là, je me suis vraiment éteinte. Je me suis dit… Puis là, je voulais plus faire… je ne voulais plus déranger.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:08:17] Tu voulais plus de spotlight sur toi.
Claudia: [00:08:19] Non. Puis là tout d'un coup, bien là, j'étais rendue snob.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:08:21] C'était pas de bonne façon de le vivre. Tu es arrivée en winner, ils auraient été comme « ah regarde la grosse tête ». Puis là, si tu t’éteins, c’est parce que tu es snob. Non, mais c'est tellement deuils en même temps. Le deuil de la vie ensemble, ton premier chum, le deuil de la musique un peu au quotidien, être ciblée pour les bonnes raisons, être ciblée pour les mauvaises raisons. C'est énormément d’adaptation.
Claudia: [00:08:38] Pas d’encadrement, personne pour m'aider à comprendre qu’est-ce qui se passe, à me calmer. C'était vraiment… vraiment une période étrange de ma vie, puis ça a pris du temps à me remettre de ça. Parce que je comprenais pas vraiment comment m'enligner moi-même. Puis même que socialement après, il y a eu certains backlash, tsé.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:08:56], Mais visiblement, tu as retrouvé la route vers ça parce que tu chantes. Puis, comment tu t'y es pris pour te reconstruire finalement après ça?
Claudia: [00:09:05] Bien tsé, moi après, il fallait que je fasse des choix. Tsé, j'ai fait mon secondaire 5. Après ça, je me souviens que j'ai eu une période tampon où je ne savais pas quoi faire. Tsé, je savais que je voulais faire de la musique dans la vie, ça c'était clair. C'est la seule chose qui était claire comme de l'eau de roche, mais je ne savais pas comment m'y prendre. Puis là, c'était le temps de choisir un programme, à quel cégep que j'ai envie d'aller. Puis je me souviens de me dire « je devrais aller en musique, mais j'ai vraiment peur de me faire mettre dans un carcan qui n'est pas… » J'avais peur de rentrer dans un espèce de moule qui n'était pas mon choix. Fait que j'ai fait une session au cégep en accueil et intégration parce que je me trouvais smatte. J'étais comme « je lâche pas l'école, je suis bonne ».
Anne-Élisabeth Bossé: [00:09:50] Oui, oui, je suis encore dans le circuit, puis oui.
Claudia: [00:09:52], Mais à ce moment-là, j'ai eu mon ma première audition pour un rôle à la télé, puis j'ai décroché. Donc j'avais un choix à faire. C'était soit faire 30 vies puis de déménager à Montréal.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:10:01] Tu as fait 30 vies?
Claudia: [00:10:02] Oui, j’ai fait 30 vies. Bien, Karine Vanasse.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:10:03] Ah, j'étais partie parce que moi je faisais Karine Pagé avec Marina Orsini. On ne s’est pas croisées.
Claudia: [00:10:09] OK! Tu étais là avant?
Anne-Élisabeth Bossé: Oui. J'ai fait les deux premières éditions. C'est pas très intéressant, là, mais…
Claudia: Non, mais on…
Anne-Élisabeth Bossé: Non, mais on s'est manquées d'une année, je pense.
Claudia: [00:10:15] Ça fait que c’est ça qui m’a sauvée, je te dirais.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:10:15] Ah oui, fait que tu as bifurqué par le jeu.
Claudia: [00:10:17] Oui. En fait ce qui m'a sauvée, c'est de vraiment avoir eu les bonnes opportunités au bon moment, puis d'avoir eu la chance et le choix de pouvoir suivre cette voie-là, tsé.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:10:28], Mais, c'est touchant de voir que… parce que ça aurait même pu éteindre ta petite flamme. C'est vraiment beau de voler si haut, mais tu aurais pu te brûler les ailes un petit peu après? Moi puis mes métaphores...
Claudia: [00:10:37] Ah j'adore!
Anne-Élisabeth Bossé: [00:10:38], Mais quand même, tu as comme réussi à protéger ton feu sacré, puis de retourner. Puis là justement, 2022 printemps, tu sors Paradise Club et ça te ramène sur la grande vie de tournée.
Claudia: Oui!
Anne-Élisabeth Bossé: Est-ce que t'aimes encore ça? Parce que c'est différent, là, c'est pas le Jean Légaré avec Tom et puis je ne t'aimais plus, et puis Chantal, là. C'est quoi la grosse différence en fait entre maintenant puis avant?
Claudia: [00:10:58] Bien, la grosse différence, c'est que maintenant je suis autonome. Tsé, c'est moi qui qui gère vraiment plus que dans le temps où j'avais 15 ans et que puis, dans le fond, on se faisait vraiment prendre en charge du début à la fin, tsé. On était vraiment comme des enfants. On était des enfants. Faut le dire clairement.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:11:16] Faut dire que vous l’étiez.
Claudia: [00:11:18] On était des enfants. Là, bien la nuance, c'est que bien il y a pas de Jean Légaré, c'est moi qui conduis.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:11:22] Toi, admettons tu t'en vas tourner, je veux dire, Val-d'Or, toi tu pognes ton auto puis tu vas à...
Claudia: [00:11:27] Oui. En fait, c'est que ça va dépendre de la formule. Si je suis en formule duo, parce que pour peu importe la raison, je m'en vais faire un contrat qui est soit moins payant ou qu’il y a moins d'espace, fait que ça, souvent on prend mon char. Puis si on fait la formule trio avec le drummer, il a un gros kit. Bien là, à ce moment-là, l'été passé on avait un cube blanc qui appartient à mon gérant, fait que ça, c'était vraiment un charme.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:11:53] Tu conduis-tu le cube?
Claudia: [00:11:53] Non, j'ai pas le permis.
Anne-Élisabeth Bossé: C'est correct.
Claudia: Mais je pense que je serais bonne. Je sais pas, je vais pas me vanter, mais je pense je suis une bonne conductrice manuelle.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:12:01] Je suis sûre que oui!
Claudia: [00:12:02] Je veux pas me vanter, mais je pense que je suis une bonne conductrice.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:12:03] Tu conduis manuel?
Claudia: Bien oui.
Anne-Élisabeth Bossé: Chapeau!
Claudia: Qu’est-ce que tu penses, of course!
Anne-Élisabeth Bossé: Très bonne. Très, très impressionnant. Qui dit tournée, dit partir longtemps de la maison. Comment tu feeles, toi, quand tu sais que tu pars pour une semaine? Est-ce que tu laisses derrière plein d’affaires? Ça te brise-tu le cœur ou, toi les hôtels, super bien là-dedans, admettons?
Claudia: [00:12:16] Ah moi, j'ai aucun problème avec ça. Moi, on dirait que plus que je sors de ma zone de confort…
Anne-Élisabeth Bossé: Mieux tu te sens.
Claudia: Mieux je me sens. Admettons, exemple quand… là c'est pas de la tournée, mais quand j'ai fait Jérémie, la première saison, on était hébergés sur le Camp Bruchési dans une vieille maison centenaire, puis ils nous avaient organisé ça avec des bunk bed. Puis moi, je trippais ma life de partager mes toilettes avec mes amis.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:12:40] Oh my, my!
Claudia: Je sais!
Anne-Élisabeth Bossé: Vous êtes peu nombreux, là, à vivre ça de même.
Claudia: [00:12:42], Mais moi, c'est comme l'espèce de côté commune, ça m'excite.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:12:47] Puis tu es jamais… je trouve, il y a un mot français qui serait comme un peu nostalgique, mais c'est pas ça que je veux dire. Tu es pas home sick. La maison ne te manque pas.
Claudia: [00:12:54] Je pense que potentiellement après un long laps de temps, oui. Tsé, j'aime revenir à la maison et tout. Mais j'ai pas tant de responsabilités, tsé. Mise à part admettons mon chien. Mais sinon, j'ai personne dans ma vie et puis je pense que ça m'aide à justement ne pas me sentir retenue.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:13:12] Oui, si quelqu’un s’ennuie.
Claudia: [00:13:14] Je me sens libre, tsé, je peux comme partir sans m'en faire pour personne, tsé.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:13:19] Tu as bâti ta vie en fonction de pouvoir faire ça sans regarder derrière.
Claudia: [00:13:22] Oui, exact.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:13:23] Et tu as l'avantage aussi de parfois avoir ton papa avec toi en tournée?
Claudia: [00:13:26] Oui. Ah non, mais ça c'est cool. Parce qu’il faut dire que l'été passé, c'était ma première réelle tournée. Pas dans le sens que dans le temps de Mix, c'était pas vrai. C'est juste que là, c'est ma tournée avec mon matériel. Puis ce que je trouve merveilleux, c'est que j'ai pu avoir l'occasion d'avoir mon père qui m'a suivie l'été passé. Parce que je sais que si ça avait pas été de lui qui agit en tant que bender guy ou de roady.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:13:51] Il te suivait en tournée, c’était le roady.
Claudia: [00:13:52] Il me suivait. Puis sinon, on se serait pas vu de l'été, tsé.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:13:55] Bien non, je comprends.
Claudia: [00:13:56] Puis, il est bon mon père. Lui, il est technicien à loisirs, fait que sa vie ça a été d'organiser des affaires, puis d'être sûr que tout fonctionne, puis s'occuper de la merch. Puis il est super proactif et je sais qu'il était content d'être là. Puis en même temps, on partageait des super beaux moments.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:14:10] Bien oui, inoubliables, c'est certain. Puis, ça devait être sécurisant aussi d’avoir son père avec soi.
Claudia: Oui, vraiment. Oui.
Anne-Élisabeth Bossé: Mais c'est drôle parce que je suis sûre qu'il y a plein de monde qui vont entendre ça et ça va être un bon clash avec ce qui s'imagine être la vie de tournée, là. Les vedettes ont des limousines. Ils sont toujours en avion. C'est pas ça, la réalité.
Claudia: [00:14:27] Ça, c’est dans les films en fait. Ou c'est quand tu es rendu à faire des tournées comme Angèle fait. Mais sinon, c'est vraiment pas tant glam.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:14:37] C'est quand même beaucoup de courage, comme on dit, partir avec le cube, s'arrêter souvent au Tim.
Claudia: [00:14:42] Tu aimes-tu le café Tim, toi?
Anne-Élisabeth Bossé: [00:14:43] J'aime le café Tim, j'aime les Tim bits, j'aime les bagels.
Claudia: [00:14:47] C'est ça, les bagels fromage.
Anne-Élisabeth Bossé: C'est très bon.
Claudia: Fromage à la crème, beurre.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:14:50], Mais en tout cas. Bref, tout ce qu'on décrit, ce n'est pas du tout banal. Puis particulièrement la première tournée dont tu nous as parlé. Puis j'aimerais... C'était tellement beau quand vous vous êtes croisés en dehors du studio. On a avec nous Julie St-Pierre.
Claudia: Oui!...
Anne-Élisabeth Bossé: Mon Dieu, qui a animé le Mixmania 2 dans lequel tu étais. Et j'aimerais ça qu'elle vienne parler de son expérience.
Claudia: [00:15:09] J'aimerais tellement ça!
Anne-Élisabeth Bossé: [00:15:11] Ça te tente de rester?
Claudia: [00:15:12] Bien oui, of course. On l'accueille ma grande chum?
Anne-Élisabeth Bossé: [00:15:14] On l'accueille maintenant. Oui.
[transition]
Anne-Élisabeth Bossé: [00:15:16] Julie St-Pierre.
Julie: Allô!
Anne-Élisabeth Bossé: Une autre belle grande dame que je suis si contente de recevoir.
Julie: [00:15:20] Bien là! C'est donc bien le fun, cette jasette!
Anne-Élisabeth Bossé: [00:15:22] Non, mais ça, ça va être… c'est déjà le fun. Petite présentation rapide parce que toi tu as fait Mixmania saison 1 en 2002.
Julie: The original.
Anne-Élisabeth Bossé: The original! pour ensuite avoir animé Mixmania 2 en 2011, n'est-ce pas Mixmania 3 en 2012. Et tu es aussi, comme on le sait, animatrice à la télévision, à la radio.
Julie: Exactement.
Anne-Élisabeth Bossé: Mais vous avez énormément de choses en commun, les deux filles.
Julie: [00:15:45] Beaucoup. Beaucoup, beaucoup. Puis à chaque fois que j'entends parler de Claudia, de son expérience à Mixmania, je me reconnais beaucoup. Puis je pense qu'on a sous-estimé, ça. On a sous-estimé qu'on pouvait, malgré le dix ans de différence entre les deux éditions, comprendre. Comprendre ce qu'on a vécu, dans le fond.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:16:01] Bien mon Dieu, c'est intéressant. Qu'est-ce que Claudia a dit qui t’a sonné une cloche, qui t'a?
Julie: [00:16:05] Le retour dans la vie normale, le syndrome d'imposteur? Vouloir s'effacer, pas prendre trop de place, tout ça, là.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:16:12] C'est comme un parcours un peu répandu, de ce que je comprends.
Julie: [00:16:15] Oui, puis tsé, là, évidemment, c'est des aspects qui sont peut-être moins glorieux, moins le fun, mais c'est parce que ça fait partie du truc aussi. Faut pas faire semblant que c'est juste beau et magique. Bien non, mais c'est plus positif que négatif.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:16:27] C'est une expérience humaine avec tout ce que ça comporte.
Julie: [00:16:30] Vraiment. Puis de le vivre à un jeune âge aussi, c'est particulier.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:16:33] Oui, toi t'avais 16 ans c'est ça quand tu as fait ta première tournée?
Julie: Oui, exact.
Anne-Élisabeth Bossé: Bien grosso modo, qu'est-ce qui te vient? Comment ça s'est passé de ton côté?
Julie: [00:16:38] La tournée?
Anne-Élisabeth Bossé: La première tournée.
Julie: J'ai peu de souvenirs. Dans le sens où c'était tellement fort en émotions, puis c'était tellement des grandes expériences qu'on vivait, qu'on dirait que j'ai… tsé, je me souviens que j'ai fait une tournée, tsé quand même. Mais des souvenirs précis, on dirait que ça, ça m'échappe. Puis je m'en veux des fois de pas avoir réussi à conserver ça dans ma tête. Mais je sais que moi, je suis une ennuyeuse. Puis là, j'avais un amoureux à ce moment-là, fait que tsé…
Claudia: [00:17:05] Toi aussi? OK, mais pas dans la gang.
Julie: [00:17:07] Il était pas dans la gang, fait que je trouvais ça dur!
Anne-Élisabeth Bossé: [00:17:08] Tu laissais derrière ton chéri à 16 ans.
Julie: [00:17:11], Mais c'est pour ça, faut pas avoir de chéri. C'est ça le secret.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:17:14] Puis tsé, ça pourrait être un autre podcast, ça. Oh là là, un balado à faire là-dessus.
Julie: [00:17:18], Mais tsé, à l'adolescence aussi, tu te définis beaucoup par ça, par ton entourage, tsé tu veux être avec tes amis. Fait que c'est comme si c'était toujours, toujours en contradiction entre « je vis mon rêve » puis en même temps « je veux vivre ma vie d'ado ». Je suis contente de partir puis de vivre ça, mais je réalise pas la chance que j'ai, fait que moi, je veux juste être à l'école avec mes amis. C'est vraiment particulier.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:17:39] Comment ça se passait, l'école? C'était les fins de semaine… non, je veux dire, la semaine tu étais à l'école, puis la fin de semaine, tu partais en tournée?
Julie: [00:17:43] Oui, exactement. Dans le fond, avec Mixmania là, ça a duré en tout et partout, si on pense à l'émission de télé puis à la tournée, un an et demi. Fait que je dirais qu'en tournée, je sais pas, c'était peut-être un genre d’un peu moins d'un an, je pense.
Anne-Élisabeth Bossé: Quand même!
Julie: Mais tsé, vendredi, samedi, dimanche, puis partout, puis deux shows par jour, puis on part en van puis...
Anne-Élisabeth Bossé: [00:18:01] Puis manquiez-vous d'énergie ou à cet âge-là, on est intuable?
Julie: [00:18:05] Non, je pense que des fois, il y avait des week-ends ou soit… Parce que la vie continue, fait que peut-être que ça nous tentait moins ou, tsé, fallait étudier, il y avait des examens qui s'en venaient. Moi je me souviens...
Anne-Élisabeth Bossé: [00:18:14] Oui, ça arrête pas.
Julie: [00:18:15] …avoir vécu mon bal, mon après-bal, puis je pouvais pas vraiment dormir à l'après-bal parce que j'avais un show le lendemain puis on enregistrait l'album live.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:18:24] Gros sacrifice!
Julie: [00:18:25] Énormément! Pour vrai. Retarder mon cours de conduite parce que j'ai pas le temps, je suis à Mixmania, tout ça.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:18:30] Mixmania, des gros défis d'adulte.
Julie: Ah oui!
Anne-Élisabeth Bossé: Mais dans le corps d’une fille de 16 ans.
Julie: [00:18:34] Oui, mais c'est ça! Mais tsé, on rigole, mais tsé, c'était le fun la tournée. Puis je touchais à quelque chose, je vivais quelque chose. Mais le fait, comme Claudia l’a dit, de le vivre avec d'autres personnes, c'est et à la fois trippant, et à la fois tu fais pas nécessairement ce dont tu rêves pour une carrière personnelle. Tsé, tu chantes pas nécessairement les chansons que tu veux chanter, fait que tsé, il y a comme…
Anne-Élisabeth Bossé: [00:18:57] Il y a du compromis dans tout ça.
Julie: Oui.
Anne-Élisabeth Bossé: C'est sûr qu'à cet âge-là, il y a des frictions, là, quand même.
Julie: [00:19:02] Puis c'est sûr aussi, je sais pas, c'était un peu ça dans ton édition de Mixmania, mais un groupe que tu crées toi-même, tu choisis les membres de ton groupe, tu choisis ta gang de tournée, tes techniciens, tout ça. Là, c'est imposé. C'est merveilleux là, tsé, je veux pas qu'on pense que j’ai haï ça.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:19:20] Tu es prises en charge. C’est super, mais…
Julie: [00:19:21], Mais tsé, c'est un concours fait que tu es mis avec… tsé, tu es avec d'autres gens que tu aurais peut-être pas nécessairement choisis dans la vie. On est bien tombé, on s'est bien entendu, mais tsé, c'est ça. On avait certaines façon de voir les choses des fois différentes. Il y en a qui étaient plus à leur affaire, d'autres moins, fait qu’il y a tout ça aussi à consolider.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:19:44] Puis c'est un âge où il se joue des grosses affaires, là, c'est des jeunes de 16 ans, là. C’est tellement d'hormones dans le même...
Julie: [00:19:50] Il fallait apprendre à cohabiter.
Claudia: Puis c'est vrai que les hormones, c'est une autre affaire, là. Nous autres, je me souviens, on est rentré dans la maison et ça n'a pas pris quinze minutes que tout le monde était in love avec tout le monde.
Julie: [00:20:00] Ah c’était plus vous autres, oui.
Claudia: Mais nous autres, il y a vraiment un phénomène étrange qui s'est produit avec notre gang où c'était… je me rappelle pas d'avoir eu de chicane. Puis au-delà de ne pas avoir eu de chicane, il y a réellement eu… on a tous était en couple. Moi c'était Tom. Jé sortait avec Alexandra, Anne-So sortait avec Mathieu.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:20:19] Fait que ça se trippait dessus, des gros kicks.
Claudia: [00:20:21] Fallait que Chantal nous dise une demi-heure d'avance d'aller se coucher, de se dire au revoir dans le salon parce que ça prenait une demi-heure de dire « bonne nuit, à demain matin ».
Anne-Élisabeth Bossé: [00:20:30] Ah que c’est drôle!
Claudia: C’était l’amour.
Julie: [00:20:34] OK, vous étiez plus emo que nous autres là, on était pas tant que ça.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:20:37], Mais ce que j'entends, ce qui me frappe le plus, c'est qu'on vous demandait des responsabilités d'adultes. Je veux dire, vous avez fait le Centre Bell, on vous demande d'être professionnel, le soundcheck, de vous rappeler vos mouvements. Bref, c'est énormément de pression. Puis en même temps, tu as pas de char et tu peux pas aller faire un tour du bloc quand tu es tannée. Je trouve que c'est quand même dur à intégrer. C'est un drôle d'âge pour ça.
Julie: [00:20:58] Tsé, tu peux pas sortir vraiment. Puis tu as pas la majorité, fait qu’ils te laissent pas partir nulle part, aller, comme tu dis, prendre l'air si tu as le goût.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:21:06] Décompresser, prendre une bière. Non.
Julie: [00:21:09] Tu es accompagnée de tes parents. Moi, tsé, je sais que dans notre tournée là, les parents accompagnaient.
Anne-Élisabeth Bossé: Ah oui!
Julie: Mais tsé, nous on voyageait ensemble, mais nos parents étaient souvent là, là. Ah oui! Puis tsé, je me souviens, on a voyagé en avion aussi. Tsé, c'était la grosse vie, là.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:21:22] Ça devait être excitant, ça.
Julie: [00:21:23] Ah, complètement. Rimouski, Sept-Îles, Chicoutimi en avion.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:21:28] Des grandes distances.
Julie: [00:21:29] On a adoré!
Anne-Élisabeth Bossé: [00:21:29] Ce qui fait justement que la chute est d'autant plus drastique quand ça s'arrête du jour au lendemain. Comment on vous l'apprend? Comment ça se passe? On dit « oui, c'était le… » Bien, vous le saviez qu'à un moment donné, il y avait une fin?
Julie: [00:21:38] Bien oui, on sait qu'il y a une fin de tournée, mais moi je sais que dans notre tête à nous, je pense qu'on pensait peut-être que ça allait reprendre éventuellement. Tsé, qu'on allait avoir le temps un peu de souffler, puis tsé, de refaire autre chose. Moi, je me souviens là, si je me rappelle de mon état d'esprit, moi j'étais tannée. C'est comme si, moi, je voulais que ça arrête.
Anne-Élisabeth Bossé: Tu avais fait le tour.
Julie: Oui, mais j'avais pas figuré que ça allait comme arrêter. Oui, c'est vraiment drôle à dire, là.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:22:07] Que l'arrêt serait permanent. Tu aurais pris une pause, mais tu aurais refait un petit Centre Bell à un moment donné.
Julie: [00:22:11] Bien oui. Puis en fait, puis tsé en même temps, on peut pas changer comment les choses se sont passées, mais j'aurais aimé ça plus en profiter. Plus profiter de la vie de tournée, plus profiter de chanter au Centre Bell. Tsé, savoir ça aujourd'hui. Mais c'était tellement gros, puis il y avait tellement de choses dans l'horaire pour un ado, qu'on pouvait…
Claudia: [00:22:29] Tu peux pas le processer.
Julie: [00:22:29] Non, puis il fallait vivre ça là, à petites doses. Et en même temps, c'est parfait parce que je pense que, sinon, poup!, on aurait tilté là.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:22:35], Mais est-ce que ces constatations-là ça te donne le goût d'en refaire? Referais-tu cette vie de tournée?
Julie: [00:22:43] Bien, c'est drôle parce que Claudia disait tantôt « J'ai pas de responsabilités, il n'y a personne qui m'attend ». Moi, j'ai des responsabilités, il y a des gens qui m'attendent.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:22:49] Très différent comme set up.
Julie: [00:22:50], Mais en fait, plusieurs choses. D'abord, mes enfants, tsé, je comprends qu'on peut partir en tournée avec ses enfants, puis il y a plein de parents qui sont chanteurs, musiciens, qui partent en tournée, acteurs, tout ça. Moi, je sais que je trouverais ça difficile. Je ne dis pas que j'aurais pas envie jamais, mais je trouverais ça dur de faire en plus, tsé, la gestion de l'horaire familial, mon chum, tout ça. Tsé, je suis très bien à la maison, ceci dit. Puis je pense qu'en vieillissant aussi, on est plus… on aime être plus confortable. Tsé, quand tu es jeune, les petits hôtels, les ci, ça fait partie du trip.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:23:24] Le bunk bed, Jérémie, tout ça, on s'en fout. OK je comprends qu’à un moment donné…
Julie: [00:23:28] Je pense que comme adulte, il y a un certain confort qu'on aime avoir. En tout cas, je vais parler pour moi. Mais tsé, fait que je dirais pas non, mais ça dépend, tsé.
Anne-Élisabeth Bossé: Pas à n'importe quelle condition.
Julie: Pas à n’importe quel prix. Oui c'est ça, il y aurait des petites conditions à respecter, je pense.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:23:42], Mais c'est le fun, que tu as pu regoûter à Mixmania en 2011, quand tu as décidé de… Comment ça s'est passé? Tu as décidé, est-ce que tu t’es proposée? Est-ce qu'on t'a approchée? Je veux animer Mixmania?
Julie: [00:23:50] Tu le sais-tu cette histoire-là?
Claudia: Non! Mais je pense pas.
Julie: OK, fait que moi, j’entends parler, parce que je suis déjà dans le milieu, je suis à la radio, je suis un peu en télé et tout ça. Fait que j'entends là que dans les plans, il y a cette idée de refaire un autre Mixmania. Alors ni une ni deux, moi je saisis les opportunités dans la vie. J'ai contacté moi-même la production en disant « Allô, je sais pas à qui vous avez pensé, mais vous oubliez tout ça, c'est moi qu’il vous faut ».
Anne-Élisabeth Bossé: [00:24:16] Moi, puis personne d'autre.
Julie: [00:24:17] « Bien, c'est ça, ce ne sera pas possible que ce soit quelqu'un d'autre. Comment je vous dirais ça? » Et je pense que j'étais convaincante parce que je leur ai comme fait comprendre que non, non, mais je suis la personne toute indiquée.
Claudia: [00:24:28], Mais oui, tu es animatrice.
Julie: [00:24:30] Je l’ai vécu, je le comprends, j'anime, tsé, tout était dans tout. J'aimais tout ça. Puis on m'a fait confiance, puis j'ai pu animer les deux éditions.
Claudia: [00:24:36], Mais tu étais tellement parfaite pour ça. Ça a pas de bon sens.
Julie: Comme une grande sœur, je pense.
Claudia: Oui, puis je trouve ça fou parce que…
Anne-Élisabeth Bossé: Vous êtes tellement adorables!
Julie: [00:24:43] On se voit pas souvent, je suis contente.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:24:45] Continuez s'il vous plaît
Claudia: [00:24:46] Non mais tsé, c'est c'était comme, tsé, de vivre exactement ce que tu as vécu huit ans plus tard à la même âge. Tsé, à 15-16 ans, puis de t'avoir là, tsé, à nous mentorer, puis à vivre ça avec nous, pour toi, je suis sûre que c'était quelque chose de totalement différent. Pour nous autres, c'était autre chose de t'avoir dans ce rôle-là.
Julie: [00:25:09] Il y en avait beaucoup qui avaient écouté mon édition Mixmania aussi, fait qu’il y avait ça là.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:25:11] Bien oui, c'est clair.
Claudia: [00:25:12] Puis maintenant qu'on est onze ans plus tard et que là les deux on fait nos vies, je trouve que là…
Julie: On est rendu à douze, tu viens de dire?
Claudia: Oui, ça fait douze ans. Mixmania 2, ça fait douze ans.
Julie: C’est capoté, hein.
Claudia: [00:25:25] Fait que c'est comme, j'ai… C'est fou. J'ai l'impression qu'on arrive à se comprendre différemment maintenant qu'à l'époque.
Julie: [00:25:32] Puis moi, j'ai un regard sortir sur Claudia, mais sur tous les autres.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:25:35] C'est tellement la question. Comment tu les vois ces jeunes aujourd'hui?
Julie: [00:25:38] Avec tellement de fierté!
Anne-Élisabeth Bossé: J'imagine.
Julie: Je suis fière comme une petite mère, tu comprendras.
Anne-Élisabeth Bossé: Oui!
Julie: Fait que je suis fière comme une grande sœur, comme… puis tsé, tu disais un peu de mentorat. Oui, puis en même temps, non. Parce que tsé, j'avais vraiment plus l'impression d'être une grande sœur puis de… moi, j'aurais aimé ça, avoir quelqu'un qui comprenait ce que je vis. Et puis tsé, on n'a pas eu ça parce qu'on était les premiers, fait que je trouvais ça le fun. En même temps, je trouve que j'ai pas été assez là. Avec le recul, je me dis, ah, j'aurais aimé ça prendre plus part. Tsé, je venais travailler dans le fond.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:26:04], Mais tu étais dans la tournée non plus, tu pouvais pas être là partout, là.
Julie: [00:26:08] Je pouvais pas être partout Anne-Éli, tu as bien raison.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:26:09] Bien, tu peux pas être partout Julie.
Julie: Mais tsé, c’est qu'on aimerait ça.
Anne-Élisabeth Bossé: J'ai une question. En quoi ça fait, de vous, qui vous êtes d'avoir fait ça, la vie de tournée? Quels impacts ça a eus sur? Tsé, c'est une période tellement formatrice, on est tellement des éponges, comme tu disais. C'est sûr que ça a eu un impact. Savez-vous, avec le mini-recul que vous avez, comment ça vous a transformées?
Julie: [00:26:28] Le vivre ensemble. Tsé la tournée, c'est un peu ça. Tu partages ton espace, tu partages tes journées, tsé fait que de vivre avec les autres, puis un peu la cohabitation aussi à un jeune âge. Moi, j'ai pas vécu après ça vraiment en colocation. Fait que c’était comme ça mon…
Claudia: [00:26:42] Moi, j'ai vécu toute ma vie en colocation. Je suis encore avec deux colocs, inépuisable.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:26:48] Oh mon Dieu. Toi, fille de gang, fille de groupe.
Claudia: [00:26:50] Plus capable!
Julie: Tsé, ça change plein de choses, la vie de tournée, l'expérience en soi. La vie de tournée, c'était aussi beaucoup, comme tu l'as dit, tsé de vivre des choses de grand à un jeune âge, là, dans le fond, tsé.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:27:03] Un boost de maturité peut-être aussi?
Julie: [00:27:06] Oui, puis de responsabilités, puis il y a une espèce de rigueur au travail aussi. Quand tu te déplaces, tsé, il faut que tu sois assez responsable pour dire « OK, je dois dormir, je dois pas trop… » Bien à cet âge-là, à Mixmania, on ne faisait pas le party, là.
Claudia: [00:27:17] Moi je me souviens, à un moment donné, ma mère m'a dit… elle avait entendu une jeune fille passer à notre table après un show prendre des autographes, puis elle avait entendu une petite fille dire : « Ah, je pensais que telle était fine, puis elle m'a même pas regardée ». Mais je dirai pas c'était qui dans la gang, mais il y a quelqu'un qui avait pas pris le temps de lever les yeux pour regarder. Puis elle, elle avait un seul moment à la table, puis ça allait vite, aweille. Puis peut-être que c'était sa préférée, puis elle l'a pas regardée, puis elle était vraiment triste. Puis ma mère m'avait dit : « Tsé, prends le temps ».
Anne-Élisabeth Bossé: [00:27:53] Fais gaffe, oui.
Claudia: [00:27:54] Prends le temps à chaque personne. Puis, ne serait-ce que juste « allô ». Ça fait que tsé, tu as raison, que tu apprends à considérer tous les paramètres que ça représente de faire la tournée. Puis tsé, je veux dire, on est déjà tellement mis de l'avant, puis on se fait tellement prendre soin de, que c'est important de faire comme « OK, mais tous les gens qui sont là ont un poste qui est autant important ». Puis tsé, c'est facile de virer diva à cet âge-là.
Julie: Mon Dieu, complètement.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:28:19], Mais on dirait que ça a fait le contraire avec vous deux. Vous avez l’humilité qui ressort tout de suite le travail de groupe, respecter justement le rôle de tous et chacun.
Julie: [00:28:30] Moi, j'ai tellement peur de ça.
Anne-Élisabeth Bossé: C’est donc lette, tu veux pas être de même.
Julie: Ah tsé, j’ai eu peur, peur, peur. Puis je pense que justement, je suis pognée aujourd'hui avec le fait de me voir moins, tsé, que je suis parce que je veux tellement pas avoir plus hot que...
Anne-Élisabeth Bossé: [00:28:39] La grosse diva.
Julie: [00:28:40] Ah oui, c'est ça. Fait que je suis hé, tout le temps à te ramener, fait que là, je suis comme on peut-tu juste rééquilibrer ça, puis être comme...
Anne-Élisabeth Bossé: [00:28:47] Du bon égo aussi, là.
Julie: [00:28:49] Bien, il faut. Juste un moment donné…
Claudia: [00:28:51] Voir ta valeur puis l'assumer, puis faire comme « j'ai le droit d'être ici ».
Julie: [00:28:54] Tsé, je pense il y a tellement de sous-couches à tout ça, là, c’est capoté.
Claudia: [00:28:59] Oui, à tout ce que ça a eu comme impact dans nos vies.
Julie: [00:29:02] C'est quand même, tsé, c’est toute la période où ton identité…
Anne-Élisabeth Bossé: Bien oui!
Julie: Tsé, fait que c’est comme wô, ça bouge beaucoup, beaucoup de choses. Puis ça change tellement, aussi, je trouve. Tsé, même au sein de notre propre famille immédiate, là, ça a créé des changements, veux, veux pas.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:29:18] Je comprends tellement ce que tu veux dire.
Julie: [00:29:20] Dans les amis, puis tout ça. Fait que c'est comme, tout ça là, après ça là, tu es tout pogné avec ça.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:29:24] Tu as comme une cousine qui te vouvoie du jour au lendemain. Tu fais « voyons, on jouait dans le sable ensemble. Qu'est-ce qu'il se passe? » Puis là, il y a comme un recul, puis tu veux tellement pas ça. Tu veux pas que ça change.
Claudia: [00:29:32] Ça t’est-tu arrivé, toi, de ressentir ça avec des membres plus proches de ta famille?
Anne-Élisabeth Bossé: [00:29:37] Oui, vraiment. Mais des amis du temps aussi, là. On dirait que tu retournes dans ta région, puis il y a… moi, je veux être quasiment plus authentique, qu’authentique. Puis là, je deviens trop familière, puis là, je sais plus comment me situer.
Julie: [00:29:48] Ah mon Dieu, on se ressemble tellement!
Anne-Élisabeth Bossé: [00:29:49] Faudrait pas qu'on pense que je me prends pour une autre. Puis oui, oui, c'est tout ça qui… Mais même ado, tu veux pas ça. Tu veux pas arriver à l'école puis… en tout cas. Comme tu dis, adulte, c'est difficile, fait qu'à cet âge-là, c'est énormément de notions sociales à intégrer d’un coup.
Julie: Beaucoup, beaucoup, oui.
Anne-Élisabeth Bossé: Seigneur Dieu. Fait que là à un moment donné, j'imagine qu'on est Mixmania. Puis quand Mixmania est fini, est-ce qu'on se pose la question : « Qui suis-je sans Mixmania »?
Julie: [00:30:10] Bien, c'est juste parce que tu te fais tout le temps dire « Ah c'est Julie de Mixmania, ah c'est Claudia de Mixmania ».
Anne-Élisabeth Bossé: Fait que ça te ramène tout le temps.
Julie: Fait que tsé, ton nom de famille, ça devient Mixmania, tu comprends?
Anne-Élisabeth Bossé: Oh my, my.
Julie: Fait que c'est comme si… Puis moi, j'ai pas vécu comme de crise d'adolescence, je l'ai comme vécu après, en changeant un peu de gang puis de… Tsé, je suis devenue un peu plus rock là, puis tsé, je cherchais mon monde un peu.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:30:28] Casser ton image un peu de ça.
Julie: [00:30:30] Oui. Oui. C'était comme de même que j'ai vécu ça. Et puis, je pense que oui, tsé après, tu veux te prouver que tu es autre chose, tu veux te définir autrement que par juste être « Julie de Mixmania ». Puis ça, j'ai trouvé ça difficile. Puis il y a juste le temps qui m'a permis de.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:30:46] Prendre une distance par rapport à ça.
Julie: [00:30:48] Bien oui. Puis maintenant, vingt ans plus tard, je suis si fière et heureuse quand on me dit « eille là, tu dois être tannée de t'en faire parler là, mais tsé, je t'écoutais à Mixmania ». Eille, ça me fait plaisir à en pleurer là, tsé, parce que ça me touche, puis je trouve ça beau. Puis, je remarque l'effet que ça a eu chez une certaine génération. Je me trouve tellement privilégiée d'avoir eu cet impact-là. Quand on est trop collés, je pense, sur l'expérience, on a pas cette distance-là pour apprécier si on veut. Fait que je pense que ça prend juste du temps pour comme dire « eille là aujourd'hui, ça me dérange pas Julie de Mixmania, parce que je sais que je suis aussi autre chose ».
Anne-Élisabeth Bossé: [00:31:20] Claudia, l’as-tu vécu comme ça aussi?
Claudia: [00:31:21] Bien moi, je me sens comme toi Julie. Tsé, puis comme on disait tantôt plutôt, là, à quel point c'est de se faire pitcher dans un projet comme Mixmania où tu as pas vraiment de droit de regard, puis c'est un train roulant, puis.
Julie: [00:31:36] Puis c'est correct là. On a dit oui à ça.
Anne-Élisabeth Bossé: C’est ça le deal.
Julie: C’est ça le deal.
Claudia: [00:31:38] Oui, c'est ça. Oui, oui. Puis moi, j'ai embraced le fait que j'étais Claudia des Glamies, puis qu'on je me grimais puis qu’on était une gang de girlpower. Tsé, j'ai vraiment aimé ça. Mais reste qu'après coup, c'était comment est-ce que j'ai envie de me représenter ou qu'est-ce que j'ai envie d'être par la suite. Tsé, c'est quoi mon histoire à moi, comment est-ce que je vais m'y prendre et tout, tsé. Puis maintenant, puis un peu comme tu viens de dire, tsé, je pense que jusqu'à très récemment, j'aurais jamais pu m'imaginer performer Amour point zéro sur scène. Puis en revenant de Big Brother, quand j'ai fait mon lancement, j'ai invité tous mes amis de Mix à venir chanter Amour point zéro et Chic chick sur scène, et c'était la fo-lie...
Julie: [00:32:22] C'est comme si trop collé, c'est quétaine, trop collé sur l'événement, c'est quétaine, mais là c'est comme…
Claudia: [00:32:27] On est rendus edgie.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:32:28] À la bonne place en dedans de vous.
Claudia: [00:32:29] Exact. Puis je me sens...
Anne-Élisabeth Bossé: Un tremplin pour devenir autre chose. Vous l’avez pas évacué.
Julie: [00:32:30] La nostalgie.
Anne-Élisabeth Bossé: Vous l’assumez.
Claudia: [00:32:31] Non, exact. Mais là, je me sens capable d'apprécier tout ce que ça a été et de même de la performer en live, je sais qu'il y a plein de gens dans la salle qui souhaitent que je la fasse parce que ça leur rappelle leur jeunesse.
Julie: [00:32:46] Puis ça enlève rien à ce que tu fais aujourd’hui.
Claudia: [00:32:48] Non, non, c'est exact.
Julie: Fait que c’est super.
Anne-Élisabeth Bossé: [00:32:49] Vous en parlez avec beaucoup de globalité, beaucoup d'honnêteté et aucune amertume. Juste avec le regard comme juste sur ce que ça a été et puis, justement, en embrassant ce que ça a laissé chez vous. C'est très, très, très touchant de vous entendre parler de cette aventure-là. Encore une fois, un gros merci pour vous être livrées à cœur ouvert sur cette expérience-là. C'était vraiment très, très intéressant et très inspirant.
Julie: [00:33:09] Quand est-ce qu'on fait un road trip ensemble?
Anne-Élisabeth Bossé: On part!
[3 conseils avant de prendre la route]
FIN DE TRANSCRIPTION